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Témoignage de Leroy Thompson, vétéran des opérations spéciales

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Message  yomec0644 Mer 12 Jan 2011 - 21:51

Salut à tous!!

Voici le témoignage d'un vétéran du vietnam, Leroy Thompson, il était dans les opérations spéciales:

Dans la jungle vietnamienne, une morsure de cobra peut vous tuer aussi sûrement qu’une balle de Kalashnikov. Les souvenirs de Leroy Thompson sont à cet égard tout simplement effrayants.

La jungle du Sud-Est asiatique répand toutes sortes d’odeurs. Elles sont rarement agréables. Quand je risquait mon nez dans le sous-bois qui entourait notre zone d’évacuation, je me demandais si je sentirais jamais autre chose. La sueur me coulait sur le visage et sur les bras, rendant poisseuse la crosse de mon pistolet à silencieux. Et pour couronner le tout, mon corps couvert de piqûres suppurantes commençait à me démanger sérieusement.

Avec les hommes de mon groupe de reconnaissance, j’avais formé un cercle de sécurité autour de la zone où devait se poser notre hélicoptère d’évacuation rapide. Lorsque je vis le Huey approcher en rase-mottes au-dessus de la jungle, je remis mon pistolet dans son holster et pris ma carabine CAR-15. Nous étions sauvés. Notre radio grésilla et la voix du pilote de l’hélicoptère se fit entendre : « Tiger Leader. Marquez tout de suite votre position avec de la fumée. Terminé. » Dès que la fumée violette dégagée par la grenade M18 commença à envahir la clairière, le pilote envoya un nouveau message : « J’ai le violet. Confirmez, Tiger. »

Nom de dieu ! J’ai aussitôt confirmé. L’hélicoptère tournait juste au-dessus de la LZ. Nous nous précipitâmes immédiatement à découvert pour embarquer. En tant que chef de groupe, je fus le dernier à monter. Le mitrailleur du Huey n’eut que le temps de ma hisser à bord.

Zigzaguant à gauche et à droite pour éviter un éventuel tir Viêt-Cong, l’hélicoptère prit de la vitesse. Affalé sur le plancher, je pouvais sentir à plein nez ce mélange d’huile chaude, de graisse, de kérosène, de sueur, de moisissure, de métal et de tabac qui la principale caractéristique des hélicoptères.

Rein ne pouvait faire oublier cette sympathique odeur, ni les corps puants de saleté de mes hommes entassés les uns contre les autres, ni le bruit rassurant des pales. « Adieu le Laos ! » pensais-je en laissant la jungle derrière nous et en jetant un œil distrait sur le mitrailleur. Ce dernier , occupé à disposer sa M60 et ses bandes de cartouches dans les meilleurs conditions de tir, portait cette déclaration inscrite sur son casque bosselé : « Si je meurs ici, enterrez-moi à plat ventre, de façon que le Vietnam puisse m’enculer. » Je trouvai cet homme magnifique, de même que cet affreux Huey vert qui nous sortait de la jungle !

Pour un soldat américain combattant dans la jungle du Sud-Est asiatique, la leçon la plus dure à retenir était sans doute celle que Chapman a résumé dans le titre de son livre sur la guerre dans la jungle, The Jungle is Neutral (La jungle est neutre). Même pour des hommes comme moi, entraînés aux opérations spéciales, l’adaptation au combat dans la jungle fut très difficile. Mais pour les simples appelés, ce fut pire encore. Venus d’une société de consommation, ils avaient du mal à comprendre pourquoi, dans la jungle, la technologie américaine n’était plus reine.

En opérant par petits groupes, nous réussissions toutefois à maintenir la « neutralité » de la jungle. Notre objectif était de persuader l’ennemi qu’à lui aussi la jungle pouvait apporter la mort à tout moment. Composées de six hommes, nos équipes de « chasseurs-tueurs » tendaient des embuscades en utilisant des mines antipersonnel Claymore et des armes automatiques. Nous cherchions à dégouter le Viêt-Cong de la jungle en lui laissant des souvenirs cuisants. Mais de chasseurs, il nous arrivait aussi de devenir la proie. Car, de son côté, le Viêt-Cong ne restait pas inactif.

Le salaire de la peur

Nous nous déplacions dans la jungle en file indienne, afin de réduire au minimum les risques de heurter un « piège à con ». Pour les mêmes raisons, nous évitions soigneusement les sentiers, bien que cela rendit la progression plus pénible. L’éclaireur de tête était toujours prêt à arroser devant lui, en cas de mauvaise rencontre. Certains d’entre nous bourraient de mitraille leur lance-grande M79 à canon scié. La peur et l’inconfort étaient nos compagnons de voyage. Mais nous avions un avantage sur l’ennemi : au combat, il nous suffisait de tenir juste assez longtemps pour permettre à la puissance de feu américaine, terrestre, aérienne ou navale, d’intervenir pour nous dégager. C’est pourquoi dans la jungle, nous nous chargions de munitions supplémentaires, au prix d’une fatigue inouïe.

C’était un supplice, il est vrai que de transporter quoi que ce soit dans la jungle. Les vêtements trempés, sales et collant à la peau, nous marchions parfois plusieurs jours de suite sans retirer nos chaussures ni ôter nos sacs. Pendant la mousson, nos doigts blanchis et crevassés par l’humidité ressemblaient à l’une de ces vermines visqueuse qui ont fait de la jungle leur royaume. Il était impossible de garder un minimum de propreté. Impossible aussi, de ce fait, de cicatriser la moindre écorchure, la moindre coupure, la moindre piqûre d’insecte et lorsque nous voyions toute cette pourriture envahir nos jambes, nous nous demandions si nos couilles n’allaient pas y rester.

Il y avait des sangsues partout, dans la jungle et plus particulièrement sur notre peau. Lorsqu, pour des raisons de sécurité, il ne nous était pas possible d’allumer une cigarette pour les brûler, nous nous enduisions de « jus à insectes » et attendions qu’elles se détachent. Il m’arrivait de haïr les sangsues encore plus que le Viêt-Cong ou l’Armée Nord-Vietnamienne. Je ne cessais alors de me répéter que la jungle était « neutre », que le Viêt-Cong souffrait également des sangsues, mais qu’il n’avait pas, pour se soulager, le « jus à insectes » américain.

Du fait de la crasse permanente, les boutons et les furoncles posaient aussi des problèmes. Vous pouviez facilement repérer ceux qui n’en avaient plus pour longtemps au Vietnam par le peroxyde dont ils se badigeonnaient le visage afin de retrouver figure humaine avant de retourner dans le monde civilisé.

Quant aux serpents, c’était notre cauchemar. Pourtant, tous les livres sérieux sont d’accord sur un point : les accidents mortels sont finalement plutôt rares dans l’Asie du Sud-Est et il faut presque y mettre du sien pour se faire piéger. Mais quand on sait qu’une saloperie de petit Bongare noir et jaune peut vous expédier dans un monde meilleur avec une simple morsure, il y a de qui fantasmer ! Et c’est la même chose avec les cobras.

A force d’en avoir peur,, on finit par en rencontrer. C’est d’ailleurs un serpent assez impressionnant, surtout lorsque l’on sait que son venin est capable de foudroyer un éléphant. En cas de morsure, le mieux est de ne pas paniquer. Mais je reconnais que des cobras, les gars en avaient beaucoup vu au cinéma et pas toujours dans des rôles très sympathique. Certains ne pouvaient pas mettre un pied devant l’autre sans avoir peur de marcher dessus

Sur les terres mortes

Les savants du Pentagone, du fond de leurs bureaux à air conditionné, pensaient sans doute que la politique de défoliation était une excellente chose pour venir à bout de l’ennemi. Ce n’était malheureusement pas tout à fait exact. Nous détestions avoir à nous déplacer dans les zones défoliées. Outre les problèmes causés par l’ »agent orange », nous n’avions aucun couvert et étions une proie facile pour les embuscades. La végétation morte se désintégrait en une poudre corrosive qui traversait nos uniformes et provoquait des irritations de la peau. Les doigts et les orteils, crevassés et sanguinolents, étaient particulièrement sensibles à cette saleté.

Une même odeur de mort associait nos corps aux eaux dormantes et aux feuilles mortes en décomposition. Avant de partir en mission de reconnaissance, nous évitions de nous laver pendant quelques jours : l’odeur de la savonnette aurait immédiatement attiré l’attention du Viêt-Cong sur nous. Certes, la saleté affectait notre santé et notre confort, mais, dans la jungle, il n’y a en réalité q’un seul confort qui vaille : avoir la vie sauve et en définitive, le meilleur moyen de rester en vie, c’était encore de rester sales. Résolument !

Nos rations C étaient particulièrement répugnantes. Nous les appelions d’ailleurs « rats de Charlie », par extrapolation de l’abréviation « C-rats » (la lettre C désignant alors Charlie, nom de code radio du Viêt-Cong). Seuls ceux qui en ont mangé sous une pluie diluvienne, la boîte pleine de graisse et d’insectes noyés dans la sauce, peuvent comprendre. Mais la pluie avait bien d’autres effets désagréables. Après une chaleur tropicale, elle nous gelait littéralement et transformait en bourbiers les collines que nous devions gravir.

Armé jusqu’aux dents

Pendant mon sommeil, j’avais une main posée sur le détonateur des mines claymore, l’autre sur mon arme. C’est peut-être chez moi un grave défaut de caractère, mais je n’ai jamais éprouvé le moindre sentiment de culpabilité après avoir tué un ennemi. Mon seul cauchemar consistait à me trouver face à lui sans pouvoir l’abattre, mon fusil s’étant enrayé. Sans doute les psychologues freudiens y verront-ils l’indice d’un complexe d’impuissance. Avant de les laisser analyser mes rêves, je voudrais bien les voir effectuer une mission de pénétration en profondeur en pleine jungle.

La qualité de notre armement était évidemment vitale. Notre version M16, le Colt Commando CAR-15, remplissait parfaitement son office. Nous disposions de magasins de 18 ou 27 cartouches (ils pouvaient théoriquement en contenir respectivement 20 ou 30). Outre mon fusil d’assaut, je portais sur moi un pistolet Browning de 9mm, un revolver Smith&Wesson en acier inoxydable, un 22 à silencieux High Standard, un couteau Randall et un assortiment de grenade M26 et Willie Pete au phosphore. Paranoïa ? Assurance exagérée ? J’aurais bien aimé pouvoir en emporter davantage ! Car le combat dans la jungle du Sud-Est asiatique, c’était vraiment l’enfer. Vingt ans après, je me souviens avec fierté de ce que nous y avons appris : à survivre, bien sur, mais aussi à faire de cet enfer un enfer pour le Viêt-Cong !
(Source texte revue NAM)

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Message  dutch Jeu 13 Jan 2011 - 11:16

beau témoignage !
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Message  yomec0644 Jeu 13 Jan 2011 - 11:46

Je ne sais plus où j'ai vu ça, mais il dit que les chargeurs n'étaient pas graillés à fond de leur capacité. Le 20 avait 18 cartouches et celui de 30 en avait 27.

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Message  Michel de Stmaur Jeu 13 Jan 2011 - 12:55

pour éviter de forcer les ressorts de chargeur...trop longtemps rester charger ils souffrent et risque l'incident...
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Message  kourt Jeu 13 Jan 2011 - 18:38

ce ne serait pas tiré de la série Nam par hasard? je crois l'avoir lu dedans
Edit: Ha bah si, c'est écrit en tout petit en bas Rolling Eyes
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Message  CuiCui Jeu 13 Jan 2011 - 18:53

yomec0644 a écrit:Salut à tous!!

Voici le témoignage d'un vétéran du vietnam, Leroy Thompson, il était dans les opérations spéciales:

Dans la jungle vietnamienne, une morsure de cobra peut vous tuer aussi sûrement qu’une balle de Kalashnikov. Les souvenirs de Leroy Thompson sont à cet égard tout simplement effrayants.

La jungle du Sud-Est asiatique répand toutes sortes d’odeurs. Elles sont rarement agréables. Quand je risquait mon nez dans le sous-bois qui entourait notre zone d’évacuation, je me demandais si je sentirais jamais autre chose. La sueur me coulait sur le visage et sur les bras, rendant poisseuse la crosse de mon pistolet à silencieux. Et pour couronner le tout, mon corps couvert de piqûres suppurantes commençait à me démanger sérieusement.

Avec les hommes de mon groupe de reconnaissance, j’avais formé un cercle de sécurité autour de la zone où devait se poser notre hélicoptère d’évacuation rapide. Lorsque je vis le Huey approcher en rase-mottes au-dessus de la jungle, je remis mon pistolet dans son holster et pris ma carabine CAR-15. Nous étions sauvés. Notre radio grésilla et la voix du pilote de l’hélicoptère se fit entendre : « Tiger Leader. Marquez tout de suite votre position avec de la fumée. Terminé. » Dès que la fumée violette dégagée par la grenade M18 commença à envahir la clairière, le pilote envoya un nouveau message : « J’ai le violet. Confirmez, Tiger. »

Nom de dieu ! J’ai aussitôt confirmé. L’hélicoptère tournait juste au-dessus de la LZ. Nous nous précipitâmes immédiatement à découvert pour embarquer. En tant que chef de groupe, je fus le dernier à monter. Le mitrailleur du Huey n’eut que le temps de ma hisser à bord.

Zigzaguant à gauche et à droite pour éviter un éventuel tir Viêt-Cong, l’hélicoptère prit de la vitesse. Affalé sur le plancher, je pouvais sentir à plein nez ce mélange d’huile chaude, de graisse, de kérosène, de sueur, de moisissure, de métal et de tabac qui la principale caractéristique des hélicoptères.

Rein ne pouvait faire oublier cette sympathique odeur, ni les corps puants de saleté de mes hommes entassés les uns contre les autres, ni le bruit rassurant des pales. « Adieu le Laos ! » pensais-je en laissant la jungle derrière nous et en jetant un œil distrait sur le mitrailleur. Ce dernier , occupé à disposer sa M60 et ses bandes de cartouches dans les meilleurs conditions de tir, portait cette déclaration inscrite sur son casque bosselé : « Si je meurs ici, enterrez-moi à plat ventre, de façon que le Vietnam puisse m’enculer. » Je trouvai cet homme magnifique, de même que cet affreux Huey vert qui nous sortait de la jungle !

Pour un soldat américain combattant dans la jungle du Sud-Est asiatique, la leçon la plus dure à retenir était sans doute celle que Chapman a résumé dans le titre de son livre sur la guerre dans la jungle, The Jungle is Neutral (La jungle est neutre). Même pour des hommes comme moi, entraînés aux opérations spéciales, l’adaptation au combat dans la jungle fut très difficile. Mais pour les simples appelés, ce fut pire encore. Venus d’une société de consommation, ils avaient du mal à comprendre pourquoi, dans la jungle, la technologie américaine n’était plus reine.

En opérant par petits groupes, nous réussissions toutefois à maintenir la « neutralité » de la jungle. Notre objectif était de persuader l’ennemi qu’à lui aussi la jungle pouvait apporter la mort à tout moment. Composées de six hommes, nos équipes de « chasseurs-tueurs » tendaient des embuscades en utilisant des mines antipersonnel Claymore et des armes automatiques. Nous cherchions à dégouter le Viêt-Cong de la jungle en lui laissant des souvenirs cuisants. Mais de chasseurs, il nous arrivait aussi de devenir la proie. Car, de son côté, le Viêt-Cong ne restait pas inactif.

Le salaire de la peur

Nous nous déplacions dans la jungle en file indienne, afin de réduire au minimum les risques de heurter un « piège à con ». Pour les mêmes raisons, nous évitions soigneusement les sentiers, bien que cela rendit la progression plus pénible. L’éclaireur de tête était toujours prêt à arroser devant lui, en cas de mauvaise rencontre. Certains d’entre nous bourraient de mitraille leur lance-grande M79 à canon scié. La peur et l’inconfort étaient nos compagnons de voyage. Mais nous avions un avantage sur l’ennemi : au combat, il nous suffisait de tenir juste assez longtemps pour permettre à la puissance de feu américaine, terrestre, aérienne ou navale, d’intervenir pour nous dégager. C’est pourquoi dans la jungle, nous nous chargions de munitions supplémentaires, au prix d’une fatigue inouïe.

C’était un supplice, il est vrai que de transporter quoi que ce soit dans la jungle. Les vêtements trempés, sales et collant à la peau, nous marchions parfois plusieurs jours de suite sans retirer nos chaussures ni ôter nos sacs. Pendant la mousson, nos doigts blanchis et crevassés par l’humidité ressemblaient à l’une de ces vermines visqueuse qui ont fait de la jungle leur royaume. Il était impossible de garder un minimum de propreté. Impossible aussi, de ce fait, de cicatriser la moindre écorchure, la moindre coupure, la moindre piqûre d’insecte et lorsque nous voyions toute cette pourriture envahir nos jambes, nous nous demandions si nos couilles n’allaient pas y rester.

Il y avait des sangsues partout, dans la jungle et plus particulièrement sur notre peau. Lorsqu, pour des raisons de sécurité, il ne nous était pas possible d’allumer une cigarette pour les brûler, nous nous enduisions de « jus à insectes » et attendions qu’elles se détachent. Il m’arrivait de haïr les sangsues encore plus que le Viêt-Cong ou l’Armée Nord-Vietnamienne. Je ne cessais alors de me répéter que la jungle était « neutre », que le Viêt-Cong souffrait également des sangsues, mais qu’il n’avait pas, pour se soulager, le « jus à insectes » américain.

Du fait de la crasse permanente, les boutons et les furoncles posaient aussi des problèmes. Vous pouviez facilement repérer ceux qui n’en avaient plus pour longtemps au Vietnam par le peroxyde dont ils se badigeonnaient le visage afin de retrouver figure humaine avant de retourner dans le monde civilisé.

Quant aux serpents, c’était notre cauchemar. Pourtant, tous les livres sérieux sont d’accord sur un point : les accidents mortels sont finalement plutôt rares dans l’Asie du Sud-Est et il faut presque y mettre du sien pour se faire piéger. Mais quand on sait qu’une saloperie de petit Bongare noir et jaune peut vous expédier dans un monde meilleur avec une simple morsure, il y a de qui fantasmer ! Et c’est la même chose avec les cobras.

A force d’en avoir peur,, on finit par en rencontrer. C’est d’ailleurs un serpent assez impressionnant, surtout lorsque l’on sait que son venin est capable de foudroyer un éléphant. En cas de morsure, le mieux est de ne pas paniquer. Mais je reconnais que des cobras, les gars en avaient beaucoup vu au cinéma et pas toujours dans des rôles très sympathique. Certains ne pouvaient pas mettre un pied devant l’autre sans avoir peur de marcher dessus

Sur les terres mortes

Les savants du Pentagone, du fond de leurs bureaux à air conditionné, pensaient sans doute que la politique de défoliation était une excellente chose pour venir à bout de l’ennemi. Ce n’était malheureusement pas tout à fait exact. Nous détestions avoir à nous déplacer dans les zones défoliées. Outre les problèmes causés par l’ »agent orange », nous n’avions aucun couvert et étions une proie facile pour les embuscades. La végétation morte se désintégrait en une poudre corrosive qui traversait nos uniformes et provoquait des irritations de la peau. Les doigts et les orteils, crevassés et sanguinolents, étaient particulièrement sensibles à cette saleté.

Une même odeur de mort associait nos corps aux eaux dormantes et aux feuilles mortes en décomposition. Avant de partir en mission de reconnaissance, nous évitions de nous laver pendant quelques jours : l’odeur de la savonnette aurait immédiatement attiré l’attention du Viêt-Cong sur nous. Certes, la saleté affectait notre santé et notre confort, mais, dans la jungle, il n’y a en réalité q’un seul confort qui vaille : avoir la vie sauve et en définitive, le meilleur moyen de rester en vie, c’était encore de rester sales. Résolument !

Nos rations C étaient particulièrement répugnantes. Nous les appelions d’ailleurs « rats de Charlie », par extrapolation de l’abréviation « C-rats » (la lettre C désignant alors Charlie, nom de code radio du Viêt-Cong). Seuls ceux qui en ont mangé sous une pluie diluvienne, la boîte pleine de graisse et d’insectes noyés dans la sauce, peuvent comprendre. Mais la pluie avait bien d’autres effets désagréables. Après une chaleur tropicale, elle nous gelait littéralement et transformait en bourbiers les collines que nous devions gravir.

Armé jusqu’aux dents

Pendant mon sommeil, j’avais une main posée sur le détonateur des mines claymore, l’autre sur mon arme. C’est peut-être chez moi un grave défaut de caractère, mais je n’ai jamais éprouvé le moindre sentiment de culpabilité après avoir tué un ennemi. Mon seul cauchemar consistait à me trouver face à lui sans pouvoir l’abattre, mon fusil s’étant enrayé. Sans doute les psychologues freudiens y verront-ils l’indice d’un complexe d’impuissance. Avant de les laisser analyser mes rêves, je voudrais bien les voir effectuer une mission de pénétration en profondeur en pleine jungle.

La qualité de notre armement était évidemment vitale. Notre version M16, le Colt Commando CAR-15, remplissait parfaitement son office. Nous disposions de magasins de 18 ou 27 cartouches (ils pouvaient théoriquement en contenir respectivement 20 ou 30). Outre mon fusil d’assaut, je portais sur moi un pistolet Browning de 9mm, un revolver Smith&Wesson en acier inoxydable, un 22 à silencieux High Standard, un couteau Randall et un assortiment de grenade M26 et Willie Pete au phosphore. Paranoïa ? Assurance exagérée ? J’aurais bien aimé pouvoir en emporter davantage ! Car le combat dans la jungle du Sud-Est asiatique, c’était vraiment l’enfer. Vingt ans après, je me souviens avec fierté de ce que nous y avons appris : à survivre, bien sur, mais aussi à faire de cet enfer un enfer pour le Viêt-Cong !
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Tiens ça me rappeles quelquns qui se fais toujours engeuler car il n'a pas tout lu le scénar Razz
Et oui c'est bien dans le bouquin Nam p19 premier tome.
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Message  yomec0644 Jeu 13 Jan 2011 - 21:13

kourt a écrit:Ha bah si, c'est écrit en tout petit en bas Rolling Eyes

Dans la mesure du possible je cite toujours ma source. Wink

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Message  kourt Jeu 13 Jan 2011 - 21:47

oui j'ai vu ça Smile C'est juste que le passage en gras "Dans la jungle vietnamienne, une morsure de cobra peut vous tuer aussi sûrement qu’une balle de Kalashnikov. Les souvenirs de Leroy Thompson sont à cet égard tout simplement effrayants." ma fait tiquer et du coup j'ai aussitôt été dire que j'avait déjà lu ça. Une fois que j'ai eu écrit je me suis aperçu que c'était bien de là ou je l'avait lu...
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