40 Hommes et 12 fusils. Indochine 1954.

40 Hommes et 12 fusils. Indochine 1954.
De Marcelino TRUONG. Éditions Denoël Graphis. 288 pages couverture cartonnée.

Marcelino Truong n’est pas à son coup d’essai. Le Vietnam, pour lui un souvenir d’enfance, une racine qui le hante, un cordon jamais coupé ni distendu.

J’avais déjà livré ici une présentation de ces deux premier livres, Une si jolie petite guerre et Give Peace a chance qui étaient autobiographique.

Ici il nous livre un essai particulièrement brillant et détaillé de ce qu’aurait pu être la vie d’un jeune artiste Indochinois pris dans les facéties dramatiques de la guerre d’Indochine.




L’auteur dont le trait simple, parfois même naïf contraste tant avec la chose guerrière nous laisse nous concentrer sur le fond plus que la forme. Le parcours de Minh, ce jeune artiste est pour le lecteur un véritable affranchissement sur les méthodes d’incorporation et d’endoctrinement des Vietminh de la population.




Sa longue formation qui le mènera jusqu’à Dien Bien Phu est détaillé avec on le sent un esprit documentaire historiquement solide, et judicieux pour nous faire comprendre la dérive de plus en plus mortifère du communisme Chinois qui exporte au travers de cette guerre des idées comme adaptable à la société Vietnamienne.



Le personnage de Minh ne se départ jamais de son sens critique ce qui permet à l’auteur de nous noircir encore plus le trait sur les aberrations du régime nord Vietnamien, et il nous fait découvrir une opinion Vietminh bien loin du manichéisme propagandiste d’un régime qui s’est transformé au fil des ans, et qui passe de la résistance armée et populaire, à un dogme politique totalitaire et froid, piloté par la grande sœur chinoise.



L’endoctrinement forcé, absurde, injuste, laissera une trace profonde dans la société Vietnamienne d’après-guerre et Marcelino Truong nous l’expose assez clairement au travers des échanges entre vétérans de la première heure et jeunes Bodoï aux cerveaux lavés, sans aucun sens critiques.

Ce livre nous offre une lecture aisée, se découvrant comme un road movie au travers des pistes d’une Indochine chamarrée, multiculturelle,  où les femmes font partie intégrante de l’effort de guerre, ni mieux loties, ni mieux protégé de ces aléas.




Marcelino Truong c’est à mon sens surpassé pour la réalisation de cet album qui peut très bien se relire à la manière du jeune Minh parcourant l’Indo, par étape.

Merci Javel pour ce post, on peut souvent voir l'auteur poster dans un groupe Facebook sur l'Indochine (l'un des rares à ne pas dévier et partir politique cacahuète).

Merci

L'auteur ne traite jamais la guerre de manière frontale. Sans la rendre plus humaine, il la décrypte avec minutie et c'est là son talent, c'est de nous mettre rapidement à la place du "héros" qui dans cet album est un héros bien malgré lui, qui n'a pas d'autre alternative de suivre le mouvement, le flot, le courant d'absurdité de la guerre, et d'espérer des jours meilleurs. En y repensant ce livre me fait dire que la guerre, c'est la réunion de milliers de héros sans médaille (Minh dans le livre fini tout de même pas être médaillé, mais à quel prix!)

Truong a une connaissance très fine des Vietnamiens, de leur pensées, de leur croyances, de leur rites. J'adore cet affranchissement culturel qu'il nous livre car il est très enrichissant, et il souvent oublié dans les récits de guerres.

Pour une fois je n'ai pas lu ta description de cette BD, car c'est comme lire le résumé du film que tu vas voir au ciné ou à la télé.
Ca gâche le plaisir ou la surprise .
Et c'est malheureux à dire, tes revues donne envie d'acheter

Je viens de le récupérer de la bibliothèque, je suis en train de le lire, c'est vraiment très bien. !!!

Vraiment une très belle découverte merci Javel  

J'aime beaucoup le dessin certainement inspiré des fameuses aquarelles de propagande Viet Minh  et Viet cong mais sans la propagande ! Une histoire qui nous plonge a hauteur d'homme dans ce conflit sans parti pris ce qui rend la BD très agréable a lire.

Merci pour ces très beaux documents que tu as dénichés!

Une image de l'oncle Ho admirant des portraits sorties des ateliers de propagande: