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Des deux rives de l'enfer

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Des deux rives de l'enfer Empty Des deux rives de l'enfer

Message  javel Mar 15 Déc 2015 - 11:53

Voici ma dernière revue "littéraire" de l'année mes amis.

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Des deux rives de l'enfer, de Michèle Ray. Éditions Robert Laffont, série Enquêtes/Actualités. 1967

Je vous présente un livre gentil. Lorsque j'écris gentil, ce n'est pas péjoratif. Je le trouve gentil car il est facile à lire, contient beaucoup d'anecdotes que je n'avais pas encore lues dans d'autres ouvrages plus sérieux.

Il faut surtout revenir à l'auteure, Michèle Ray, qui à l'époque n'est pas encore la femme de Costa Gavras, et est une jeune femme, ancien mannequin pour Chanel, bourlingueuse qui se retrouve à Saïgon en 66 pour couvrir le guerre pour le Nouvelle Observateur.

Le point d'orgue de son aventure, fut son kidnapping par les Vietcong. Elle resta presque un mois dans la jungle avec les rebelles et de cette expérience elle dira: "Mais peut on rester neutre dans cette guerre? J'ai pris position. Mais je suis déchirée."

Mais avant de terminer son périple avec les Vietnamien, elle nous conte ses contacts avec les Américains, et son statut de femme (jeune) lui permet d'avoir justement un contact plus aisé avec la hiérarchie et les soldats.

Avec elle nous entrerons dans un des plus grand porte avion de l'époque, USS Coral Sea, dont le service de visite pour le presse est aussi efficace des jets qui en décollent 24h sur 24h.

Elle côtoie aussi un groupe des forces spéciales sud vietnamienne, et rencontre des officiers parlant parfaitement le français, car souvent d'anciens officiers de l'armée Française, même parfois des anciens Viet-minh...

Michèle Ray avec sa Renault sur les routes du Sud Viêt-nam.

Des deux rives de l'enfer 19
La voiture retrouvée piégée après son enlèvement.
Des deux rives de l'enfer War7
Des deux rives de l'enfer $_35


Puis elle "passe" de l'autre coté. Elle se retrouve derrière le miroir, à crever de froid et de peur dans les abris Viêt-cong qui la protègent des lourd bombardement US

"Je vois les pilotes appuyer sur les boutons, j'entends leurs jokes: Je les ai filmées il y a deux mois, et tout me revient en mémoire avec précision - je n'imaginais pas alors que je serais un jour "en dessous", que je serais la cible. Tous ce bouscule dans ma tête: Deux cents tonnes de bombes quotidiennement déversées sur le Sud Vietnam, cent tonnes de napalm... il me semble que ce jour là, ils larguent tout ici, au-dessus de moi..."


Son contact avec les combattants Viêtcong la surprend, car bien sûr, au lieu de découvrir des bêtes sanguinaires, elle rencontre simplement des hommes. Elle soulignera ce paradoxe guerrier inhérente à toute les guerres à la fin de son livre et met en avant ce qu'elle ne doit surtout pas dire lors de son retour aux autorités sud Vietnamiennes à propos de l'ennemi:

"Ils ne me le pardonnent pas. Humaniser l'adversaire est une trahison.
Il doit demeurer ce "Victor Charlie" sournois, cruel et sadique. Quant à l'Américain vu par le Vietcong?
Un affreux impérialiste qui brûle les femmes, les enfants... les mange, aussi! Je dis bien "les mange"!
Ces deux images sont le résultat d'une propagande de guerre qui veut que l'ennemi sois tout. tout excepté un être humain, un individu."

et elle nous amène un éclairage simple sur cette forme de combat passif que l'ensemble, oui l'ensemble, de la population Vietnamienne met en place et que les Américains, ni le gouvernement Sud Vietnamien n'arrivera à vaincre:

"Le paysan, le nha-quê du Delta que je connais n'est pas communiste non plus. Il est trop indolent, trop individualiste, avec le sens profond de la famille.
En fait, il ne souhaite qu'une chose: Cultiver son champ en paix. Il la voudrait cette paix, à tout prix. Qu'elle soit blanche ou rouge, que le bol de riz s'appelle Ky ou Ho Chi Minh. "

Puis elle se pose la question de pourquoi les Vietnamien ne se battent pas aussi farouchement du coté Sud?

"Parce que le bol de riz de Ky s'appelle en fait Johnson. Un Johnson qui veut sauver le paysan du communisme en lui larguant quotidiennement cent tonnes de napalm et de bombes de toutes sortes - pour le seul Sud Viêt-nam et pour la seul Air Force. Non! Personne ne demande à être sauvé à ce prix là!"

Il faut avouer que présenter de cette manière l'argument n'est pas dénué de tout fondement.

Michèle Ray nous expose donc d'une manière fraiche et sensible son regard sur cette guerre, avec beaucoup d'affection pour tout ses combattants. D'ailleurs elle paraphe son livre par cette petite phrase:

"Aux G.I.'s et aux Viêt-congs, mes amis."

Michèle Ray à son retour.
Des deux rives de l'enfer War8
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