Voyage au Bout de la Guerre

Voyage au bout de la Guerre de Jean Lartéguy. Éditions des presses de la cité. 1971.312 Pages.


Avant de commenter ce sublime livre, je voulais mettre en avant l'auteur, qui j'avoue mon immense ignorance, je ne connaissais, que vaguement, de nom au travers les écrits de Patrick Chauvel qui le connu lorsqu'il était enfant car ami de son père.

Cette découverte m'a éblouie par le style. J'ai pensé au style de Michael Herr (Putain de Mort), mais plus précoce.
Jean Lartéguy est un ancien résistant, un ancien combattant d'Afrique du Nord, et même engagé en Corée où il fut blessé.

C'est avant tout un journaliste remarquable. Son œuvre comme celle de son ami, Schoendoerffer (Pierre), marquée notamment par les campagnes guerrières, la fraternité d'armes, l'amertume de combattants sacrifiés en vain, et leur tristesse de voir des familles qui leur avaient fait confiance abandonnées aux massacres des "libérateurs". (Extrait Wiki). Il sera romancier, et un journaliste très respecté au sein des force armée (Indochinoise, Vietnamienne et Américaine.) Son sens de l'observation et sa faculté d'analyse rend ses textes très vivants, précis, et sa virtuosité à exposer des fait complexes avec une grande clarté et simplicité en fait à mon sens un grand journaliste.

Dans ce livre, dont le titre paraphrase celui de Louis Ferdinant Céline, Voyage au Bout de la nuit, pas sans raisons, est un parcours de fin de guerre du Vietnam qui se situe au début de la politique de retrait des Américain de Sud Vietnam. Ce désengagement est traité sur différent angles qui permettent de redécouvrir une guerre dans la guerre. Sa description nous montre (et démonte) tout le système mis en place depuis presque 10 ans et plus si l'on compte la guerre "française".

On y retrouve une interview "anonyme" d'un colonel Américain qui ressemble par le ton et son sens critique, au personnage principal, de John Paul Vann, dans le livre de Neil Sheehan, L'Innocence Perdue

Il y a aussi, les déclarations tonitruantes du fameux Colonel Kim (Do Cao Tri) qui sera tué le lendemain de l'ITW, et qui n'est pas tendre avec ses adversaires, mais pas moins avec ses alliés et son gouvernement.

Le bilan de Hué deux ans après l'offensive du Têt qui fit 5000 morts (par exécutions), est troublante, et nous expose avec pertinence l'état d'esprit des Vietnamiens de l'ancienne capitale impériale.

Dramatique, le compte rendu d'une mission de l'armée Sud Vietnamienne dans un village, dont les habitant sont abattues ou torturé sans autre formes de procès. Des actions qui se déroulent sous les yeux impavides de deux conseillés Américains qui fument leurs cigarettes en attendant de reprendre leur hélico.



Cérémonie d'enterrement de Jean Lartéguy à la chapelle des Invalides à Paris en 2011.



Un livre qui me donne envie de lire les autres de cet auteur, par exemple L'Adieu à Saïgon (1975), ou Un million de Dollars le Viet (1965)

En complément, un petit plaisir glané sur le net et reçu ce matin

Un Paris Match du 25 septembre 1965 avec un reportage de Jean Lartéguy.
En couverture un Marine avec son M14.

Sur l'entrefilet, sous le titre, on put lire: "Les américains ont dit à Lartéguy: ”Cette guerre, nous la ferons brutalement, selon nos méthodes." Ici, près de Da Nanq, un marine. Au fond, un village qui brule.” "



À l’intérieur, un reportage toujours aussi près des gens, avec des descriptions sur l'atmosphère qui règne à Saïgon cette année là.



Rien à voir mais toujours sympathique, la quatrième de couve clôture le mag par une publicité avec une fausse dédicace de celle qui fit frémir le Grand Blond dans une Chaussure noire! Mireille Darc.

Un autre Paris Match où l'on trouve un long reportage de Jean Lartéguy.



Malheureusement peu d'images et seulement en vignette, mais bon, Lartéguy, ce n'est pas un photographe non plus!
C'est un extrait de son livre en fait*, "Un Million de Dollars pour Le viet" ce qui résume assez bien le gouffre qu'allait devenir la future (nous somme en 65) guerre Américaine.



*(1965), Raoul Solar Éditeur