Dien Bien Phu, un coin d'enfer

Dien Bien Phu, un coin d'enfer est la traduction française d'un livre d'abord éditer en anglais dont le titre, était bien plus évocateur je trouve pour transcrire ce que fut cette bataille: Hell in a very small place.

De Bernard Fall. Éditions Robert Laffont 1968 (Première parution anglaise en 66) traduit par Michèle Carrière. 568 pages. (Il ne tient pas dans ta poche de SF CuiCui.)  



Une bible!!!
Je ne connaissais rien à cette bataille, et là je tombe sur un véritable précis stratégique, politique, logistique sur cet événement que notre mémoire collective Française à un peu occultée, minimisé ou au contraire fantasmé. (L'année dernière, pour le soixantième anniversaire de la bataille, peu d'articles, aucun évènement marquant au niveau national pour rendre hommage aux hommes tombés durant cette période)

Dans les grandes lignes: Dien Bien Phu ce situ (toujours) au Nord Ouest du Vietnam, tout prêt de la frontière du Laos. Depuis 45, la guerre entre le Vietminh et le corps expéditionnaire Français n'a fait que s'intensifier mais en 53 l'état major pense que ce point géographique pourrait devenir un verrou et empêcher les Vietminhs de couper le nord Vietnam en deux  de la frontière du Laos où le gros des troupes est retranché, jusqu'au Golf du Tonkin et emporté Hanoï, et aussi diriger une massive offensive vers le sud.

Donc l'état major lance l'opération "Castor" qui consiste à larguer des troupes aéroportées et du matériel pour tenir cette cuvette (la reprendre aussi au Vietminh qui s'y sont installé) et en faire une base d'appui pour des opérations de ratissage et de destruction, d'interception, dans la région environnante.



Ce livre va nous livrer avec clarté le déroulé des évènements et souligné la réticence politique de l'époque d'une telle mission d'envergure si loin du ravitaillement. En effet il faut tout envoyer par avion, aucune route praticable, rapide et sûr ne rejoint Dien Bien Phu, et cela sera sont gros point faible que le Général Giap va exploiter sans faillir grâce à son artillerie.



Les principaux protagonistes, le général Castries et son adjoint le lieutenant-colonel Langlais, vont se livrer dès le départ à des échanges peu amicaux à propos de divergences de point de vue très marquées; ce qui ce feras sentir dans la chaine de commandement avec plusieurs hésitations ainsi que des prises de décisions hâtives avec des contre-attaques qui furent des échecs cuisant avant même le début des premiers grands assauts Vietminh.



Donc bataille qui se déroule sur plus de 5 mois et dont le gros de l'offensive commence en Mars et se terminera le 7 mai par un cessé le feu du cotés Français, exsangue, sans ressource, à bout de force, loin du moindre éventuel secours extérieur.



Ce livre nous expose toute cette tragédie pour y mettre un peu d'ordre, car l'enchaînement des faits, surtout à partir de la mi Mars est très dense car là bas l'enfer se déchaine tandis qu'a Hanoï on pense de manière optimiste porter un coup fatale à l'armée Vietminh qu'on suppose ne pas pouvoir se ravitailler longtemps au milieu du relief dure autour de la cuvette de Dien Bien Phu.



Comme sur les images, ce livre n'est pas avare de carte afin de géolocaliser les différents points de défense ainsi que les mouvements de troupes.

Mis à part le déroulement des opérations, Bernard Fall nous livre aussi milles anecdotes servant ces exposés. Par exemple pour illustrer l'ampleur de l'opération Castor qui devait dans un premier lieu reconstruire la piste d'atterrissage, on largua deux bulldozers sur site. Mais l'un des harnachements de l'un cassa lors du largage et tomba en chute libre sans occasionner heureusement d'accident autre que la destruction de l'engin qui rentra d'une profondeur de 2 mètres dans le sol! (Ça commençait bien )

Bernard Fall met aussi à mal le fantasme mille fois évoqué de la valeur et l'importance des combattants allemand de la légion étrangère et du corps expéditionnaire, qui ne fut pas, en fin de compte plus brillant qu'un autre, et surtout pas moins méritant que le régiment d'Algériens qui reçu de plein fouet les premiers assauts sur Gabrielle par exemple.(7eme RTA) En bref, tout le monde en pris plein la gueule si vous me permettez l’expression.



J'ai après lecture de ce livre une pensée pleine de respect pour ces hommes qui ont subit l'enfer, et ce n'est pas un terme galvaudé! D'ailleurs on fit même appel à l’expérience de certain sous-officiers et officiers qui servirent lors de la première guerre mondiale pour trouver le moyen de contrer l'avance des tranchés Vietminh aux abords des camps retranchés.

Je ne ferais pas de conclusion car je vous l'avoue,    je n'ai pas terminer ce livre, car j'ai due l'emprunter à la réserve centrale des bibliothèques de Paris, et je dois le rendre demain.

En effet j'ai eu beaucoup de mal à en trouver un? Pourquoi? Peut-être un livre qui paraît en France en 68 en pleine période troublée, qui parle d'un événement que tout le monde veut oublier? Peu de tirages imprimés, Peu de vente? Je ne saurais dire.

On trouve facilement la version Anglaise chez nombre de revendeur pour ceux qui sont "fluent english" mais cette perle est presque introuvable en français. Donc si vous aimez l'histoire, cette période, et que vous tombez dessus sur une broc, un bouquiniste, ebay, n'hésitez pas, cette somme est incontestablement un livre de référence avec celui de Jules Roy, et qui est à la hauteur du très bon Dernières Réflexions sur une guerre

Pour terminer je vous livre un passage que je trouve révélateur pour donner un peu la température des événements décrite dans le livre:

(le 13 Mars 1954)

"A 15h10, deux journalistes, André Lebon et Jean Martinoff, atterrissent dans le dernier Dakota qui se pose sain et sauf. Ce sont des anciens d'Indochine et même de Dien Bien Phu, puisque Lebon a sauté sur la Vallée le 20 Novembre avec la première vague de parachutistes et que Martinoff a pris part à la marche du G.A.P.2 sur Sop Nao. Lebon, qui a déjà été blessé deux fois en opération brûle d'assister à la grande bataille qui de toute évidence ne va pas tarder à commencer. Les légionnaires du 1/2 R.E.I. sont des vieux amis pour lui. Aussi va-t-il faire en voiture un tour sur "Huguette" pour avoir une vue générale de la situation "au ras du sol". Au petit mess des officiers, il n'est question que de l'attaque que l'on attend pour la nuit prochaine.
- Alors? dit Lebon. On arrive pour la générale?
- Tu l'as dit. Le rideau est levé. En guise de prologue, les fils de Giap nous présentent leurs atouts: mortiers de 81, mortiers de 120, canons de 105 et tout le tremblement.
- Ça va être Na San multiplié pas dix!
- Ou presque Verdun! Cette fois ils ont amené toute leur grosse artillerie et vont nous faire une démonstration de ce qu'ils savent des grands jeux de la guerre. [.]

Lebon décide alors que c'est le moment ou jamais de voir de plus près de quoi à l'air le feu ennemi. [.] L'aérodrome maintenant désert où les obus Vietminh procèdent à la destruction méthodique d'un Criquet  et d'un Dakota endommagé.
- Jette toi dans le fossé, crie Lebon à Martinoff, cette destruction du Dakota vaut une séquence.
Trois obus tombent alors en même temps. martinoff est tué sur le coup. Lebon a un pied presque arraché. Il sera évacué le soir même à bord d'un avion sanitaire [.] Son séjour à Dien Bien Phu n'aura duré que six heures. "

Page 183.

Venant de Bernard Fall, on ne peut que s'attendre à un document indispensable est très bien détaillé. Merci en tout cas pour ta review qui une fois de plus donne envie de lire un livre qui n'aurait probablement jamais fini dans mes mains !

Merci pour cette review Javel, comme toujours forte intéressante.

amicalement Lt john

Les vases communicants!

Devant rendre ce livre aujourd'hui, j'ai acheté il y a quelques jours le rare exemplaire qui se trouvait sur Ebay.

Et aujourd'hui, je viens de le recevoir!

Je vais pouvoir le finir et mettre à jour cet article.

Félicitations pour ce livre numéroté! J'aime cela aussi les exemplaires de livres en éditions limitées! J'en posséde un , moi-méme, non pas qu'il soit numéroté  car vendu à prés d'une diazine de million d'exemplaires , par contre en version originale 1934.
J'adore ça aussi!

Ha bin si on commence à jouer à celui qui pisse le plus loin...

"FS" POWWER !!!!

HS

OK OK, c'est bon.