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Vietnamwar :: Général :: Les livres :: Conflit Vietnamien
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Le Vietnam Un cinéma de l’Apocalypse
javel Lun 20 Juin 2016 - 16:45
Une petite tartine pour Cuicui. 
Le Vietnam Un cinéma de l’Apocalypse
De Laurent Tessier. Edition Cerf-Corlet/ Du Cerf 2009.Collection 7ème Art. Couverture souple. 300 pages.
Laurent Tessier est un sociologue cinéphile, mais avant tout un universitaire.
Ce livre est donc presque scientifique car sont élaboration repose essentiellement sur des analyses précises avec une bibliographie très conséquente pour étayer les analyses.
Au départ, après une dizaine de pages, je commence à me dire qu’avec les universitaires c’est toujours aride. Ils ont une manière de couper les cheveux en quatre (voir en dix) dans leur introduction, qui me déconcerte assez.
Mais le bonhomme est brillant et sans conteste il élabore son thème très précisément et nous le présente sans aucune ambiguïté, et au final tout devient limpide. Donc un livre qui rend intelligent comme beaucoup d’autres livres (Et moi j’en ai besoin plus que beaucoup d’autre!)
Donc vous l’aurez compris par le titre, on va parler cinéma, celui traitant directement (et indirectement) de la guerre du Vietnam.
Là où le livre prend tout son importance est dans le fait que l’auteur ne va pas faire une simple critique cinéphilique, mais va décrypter au travers des films présentés et décris, extraire différents axes qui vont nous faire comprendre la relation qu’ont eu les américains avec cette guerre.
À partir de ce moment cela devient passionnant, car en fait, on nous fait comprendre que chaque film offre une réponse différente au peuple américain, soit en harmonie avec les ses attentes, ou à contrario en rébellions.
La guerre du Vietnam qui opposera aux USA les « doves »(Pacifistes anti guerre) et les « Hawks » (pro guerre), va aussi au travers de sa représentation cinématographique générer beaucoup de polémiques et alimenter le ressentiment ou l’approbation des principaux acteurs de cette guerre aux États Unis : Les Vétérans !
Laurent Tessier va donc aller piocher et décortiquer la revue des vétérans du Vietnam pour confronté les deux visions : Celle de la « vérité » des Vétérans (L’auteur va aller regarder le magazine de la VVA) , et celle fantasmée du simple spectateur qui assiste au visionnage d’un film de « divertissement ».
William Defoe recevant une récompense de la part de l'association des Vétéran du Vietnam pour son rôle dans Platoon.
L’auteur met bien en valeur le fait que cette guerre échappe longtemps au monde du cinéma car l’inconscient collectif américain à été « gavé » par une guerre qu’il recevait tout les soir chez lui, dans son salon ou sa cuisine, devant la télé.
Il met aussi le doigt sur une structure de narration calqué sur le précédent conflit, qui met en avant le GI’s et pas l’ennemi.
Cette focalisation va aussi transformer le langage descriptif de la guerre, car il faut la rendre « propre », et le terme comme frappe chirurgicale comme on le découvrir lors de la première guerre du Golfe, prends bien ses racines au Vietnam, conflit qui à élaborer et transformé un langage tactique et offensif en un langage politiquement correct qui ce veut neutre:
- Free-Fire-Zone (Zone de tir à volonté avec tout ce que cela implique pour les population civiles) se transforme en Pre-Cleared firing Aera (soit Zone de tir préalablement inspectée…)
- Les morts sont des KIA, et les disparus (souvent mort) des MIA.
- les missions Search and Destroy deviennent vite Search and clear (sortez vos balais…)
Cela aura une influence majeure dans l’image que la population se fera de la guerre, avec à la fois le sentiment que cette guerre est menée dignement, mais avec une intime conviction face à certaines images d’actualités que ce n’est pas réellement la vérité.
Le monde du cinéma n’est pas prêt dans les années soixante à prendre le risque de produire un film sur cette guerre et John Wayne investit d’une mission patriotique (purement personnel) va devoir faire des pieds et des mains pour monter son film et finalement obtenir du gouvernement Johnson de l’aide technique.
Le cas John Wayne est intéressant dans les année 50/60 ; il représente pour toute une génération, le combattants américains victorieux.de la seconde Guerre Mondiale. Beaucoup de volontaires diront qu’ils s’engagèrent pour le Vietnam pour vivre une « aventure à la John Wayne » qui était un modèle. Le problème c’est que le modèle était parfait pour un conflit conventionnel comme il se déroula durant la seconde guerre mondiale, mais pas au Vietnam, et les désillusions furent grandes et même fatales ! Donc l’auteur démontre que le cinéma pré Vietnam, influence la génération qui va faire cette guerre : Mais alors comment va influencer la production « Vietnamiste *» qui va ce faire jour à partir des années 70 ?
Les Bérets Verts, le film de John Wayne fut considéré comme un pur film de propagande par les Doves, mais d’un autre cotés les Hawks reconnurent aussi la faiblesse artistique de l’objet cinématographique. Au final ce film fut condamné de toute parts, et ferma la porte des studios à d’autres auteurs et réalisateurs qui voulurent traiter le sujet.
Tessier va en parallèle dresser le portrait que le cinéma ou la télévision fera du Vétéran. En effet comme il n’y presque pas de production conséquentes sur la guerre « in country », on va développer des narration de cette guerre « at home ». Ainsi dans différents films, d’action, policier et même d'horreur, on va voir apparaître le personnage du Vétéran. L’auteur va les appeler les « psychovets » qui est une contraction entre psychotique (psychopathe…) et Vétéran.
Il est intéressant de voir que la représentation à la télévision et au cinéma du Vet (Vétéran du Vietnam) est en grande majorité négative : le Vet est violent, traumatisé, fou, assassin, déséquilibré. Il fera figure du méchant, du sérial killer dans nombres de films. Par la suite, certain film d’action de série B essaye de ce servir du personnage comme justicier, mais cette justice est expéditive et donc l’image du Vet restera longtemps celui un être violant qui n’est pas socialisé, voir en rébellion contre la société. rébellion qui aux états Unis peut faire l’amalgame avec la Nation, donc le Vet devient paradoxalement Anti-patriotique alors qu'il un acteur très patriote dans la société Américaine !
Le tueur dans L'inspecteur Harry(Dirty Harry) est sous entendu être un ancien du Vietnam.
Bref, Apocalypse Now ou Deer Hunter n’aidèrent pas à l’amélioration de l’image que l’on a du vétéran, qui restent un névropathe violent, au bord de la folie. Mais les avancées majeures de ces films dans leurs qualités narratives et photographique, sans parler de la distribution des acteurs de grand talent et populaires, firent que les producteurs vont commencer à revenir vers des projets plus ambitieux sur le sujet, qui à l’air de rencontrer enfin à la fin des années soixante dix un nouvel intérêt et aussi un nouveau public, une nouvelle génération qui veut comprendre ce conflit.
Les deux films cités sont aussi une sorte de retour vers la maison, une volonté de recréer un lien entre l’ancien combattant et une population qui l’a fantasmé. Etonnement un des films qui avait le plus contribuer à la compréhension du Vet fut Rambo !
Le grand succès populaire (et mondial) du film et bien que le personnage de Rambo ne soit pas représentatif du vétéran, l’américain va pouvoir de manière « divertissante » s’identifier et accepter l’ancien soldat, quelque soit sont traumatisme et sa violence.
L’auteur note un fait très important dans Rambo : Le scénariste retourne les codes en faisant de Rambo un Viet ! Il est seul, sans armes, caché dans la forêt, un espace qu’il connaît bien (transposition de la jungle). Cette inversion des rôles rend le personnage plus fort, personnifiant l’esprit « guerrier américain » alors qu’il dépeint une certaine manière de faire la guerre, qui n’était attribué avant qu'au soldat Nord Vietnamien !
À partir de Rambo va naître une série de film qui va surfer sur la mode du « gagner pour guérir ». Ces films comme Missing in Action, Rambo II et autres joyeusetés pro guerre que l’auteur n’hésite pas à qualifier de Reaganienne*. Cet axe de réconciliation ne donnera pas des films très réalistes, et ils furent vivement critiqués par la VVA (Vietnam Veteran of American) qui attaqua même personnellement dans ses couvertures Stallone en lui demandant où il était lors de la guerre. (Stallone n’a pas fait son service et donc encore moins la guerre, pas plus que Chuck Norris d’ailleurs)
Il est intéressant de faire remarquer que les vétérans attaquèrent de préférence des acteurs bellicistes, alors que ceux qui tinrent des rôles de traumatiser ou d’assassins ne furent pas vilipendés. Pour le Vet, les films pro-guerre sont un révisionnisme malsain de l'histoire véhiculant un racisme anti asiatique limite. Mais paradoxalement ce type de films sera un facteur de réconciliation des américains avec la guerre du Vietnam.
L’effet Platoon ! Platoon aura un impact très fort dans la société Américaine. Le film fut considéré par une grande majorité de Vet comme le plus réaliste jamais réalisé sur le Vietnam. L’histoire de Chris Taylor, ce jeune soldat (qui est l’alter égo du réalisateur, Oliver Stone) va avoir pour fonction de rendre hommage aux Vet et par extension « soigner » la nation qui jusqu'à lors ne voulait voir en eux que des perdants et non des combattants. Les Vétéran cautionnent en plus le fait que le film est réalisé en plus par un des leurs, un Vet!
Platoon réconcilie dans la souffrance héroïque le peuple américain avec ses « boys », de manière un peu manichéenne, voir christique (scène de la mort du Sergent Elias), mais de façon touchante avec une trame romanesque pertinente et une photographie parfaite.
S’ensuit ce que l’auteur appel la « Vetsploitation » ou exploitation du filon qu’a ouvert le succès de Platoon.
Les films se feront donc presque sous le même modèle que Platoon, avec rigueur, sans plagiat, mais sans jamais égaler l’original.
L’auteur terminera par We were soldiers, qui selon lui est l’ultime film sur le Vietnam pour deux raisons :
La première raison est que We Were soldiers raconte l’histoire d’une longue bataille (Bataille qui n’était pas si courante durant la guerre du Vietnam) qui semble reprendre les codes des films de guerre de la seconde guerre mondiales, à la John Wayne, en magnifiant l’héroïsme, le patriotisme, l’esprit de sacrifice, de manière un peu lourde, avec ce personnage de soldat idéalisé représenté par le courageux et héroïque officier (Moore joué par Mel Gibson). L’aspect moralisateur donne au film un coté très désuet que les précédentes productions avaient évitées.
La seconde raison, c’est qu’indépendamment de l’aspect « classique » du film, le réalisme, la brutalité et la tension du film rejoint le code du film Vietnamiste. D’autre part le personnage du combattant Vietnamien est aussi représenté avec la même humanité que le GI’s.
We Were Soldiers fait donc enfin le pont entre deux monde, celui du début de cette guerre avec une justification politique et humanitaire, et sa fin qui contredit en bloc les précédentes affirmations et l’image de propagande. Ainsi l’Amérique peu regarder enfin son histoire à travers ce film et relire aussi son passé. Reste à savoir, comme toute les représentations historiques, elles ne font pas office de révisionnisme pour mieux accepter la défaite ? En tout les cas l’auteur émet l’hypothèse que ces multiples représentations auraient pus jouer une rôle de « guérison représentationnelle ».
En conclusion (enfin) c’est une solide (très solide) étude sur la représentation de la guerre qui traite presque tout les aspects de celle ci dans la société américaine, et par dessus tout à travers l’œil des Vétérans. Bien que cet article soit long à lire, je m’en excuse (je n’ai pas de contrainte éditorial) il survole à peine le contenu de ce livre que tout les cinéphiles de ce forum devraient parcourir.
En tout les cas sa lecture donne envie de revoir pas mal de films que l’on croit bien connaître, mais que l’on a envie de revoir pour finaliser la lecture de ce livre.
L'auteur liste en fin d'ouvrage tout les films traitant du Vietnam: Presque 200. (Cinéma, Documentaires et TV.)
Un article écris par l'auteur en 2005 qui préfigure son livre http://www.unige.ch/ses/socio/carnets-de-bord/revue/pdf/8_71.pdf (si vous avez le courage de lire les 12 page, accrochez vous)
* Vietnamiste est un terme inventé par l’auteur pour faire le distinguo entre des films Vietnamien et de ceux traitant de la guerre du Vietnam produit par les Américains.
* Reaganienne et un adjectif inventé faisant allusion à la politique de Ronald Reagan (40ème président des USA de 1981 à 1989) qui fut le chantre du néo-libéralisme et du néo conservatisme.
*VVA, Vietnam Veteran of America qui édita un magazine à partir de 1978. Page Facebook du MAGAZINE VVA.
Vous pouvez aller aussi regarder du cotés d’un LIVRE plus accessible que j’adore !
Le Vietnam Un cinéma de l’Apocalypse
De Laurent Tessier. Edition Cerf-Corlet/ Du Cerf 2009.Collection 7ème Art. Couverture souple. 300 pages.
Laurent Tessier est un sociologue cinéphile, mais avant tout un universitaire.
Ce livre est donc presque scientifique car sont élaboration repose essentiellement sur des analyses précises avec une bibliographie très conséquente pour étayer les analyses.
Au départ, après une dizaine de pages, je commence à me dire qu’avec les universitaires c’est toujours aride. Ils ont une manière de couper les cheveux en quatre (voir en dix) dans leur introduction, qui me déconcerte assez.
Mais le bonhomme est brillant et sans conteste il élabore son thème très précisément et nous le présente sans aucune ambiguïté, et au final tout devient limpide. Donc un livre qui rend intelligent comme beaucoup d’autres livres (Et moi j’en ai besoin plus que beaucoup d’autre!)
Donc vous l’aurez compris par le titre, on va parler cinéma, celui traitant directement (et indirectement) de la guerre du Vietnam.
Là où le livre prend tout son importance est dans le fait que l’auteur ne va pas faire une simple critique cinéphilique, mais va décrypter au travers des films présentés et décris, extraire différents axes qui vont nous faire comprendre la relation qu’ont eu les américains avec cette guerre.
À partir de ce moment cela devient passionnant, car en fait, on nous fait comprendre que chaque film offre une réponse différente au peuple américain, soit en harmonie avec les ses attentes, ou à contrario en rébellions.
La guerre du Vietnam qui opposera aux USA les « doves »(Pacifistes anti guerre) et les « Hawks » (pro guerre), va aussi au travers de sa représentation cinématographique générer beaucoup de polémiques et alimenter le ressentiment ou l’approbation des principaux acteurs de cette guerre aux États Unis : Les Vétérans !
Laurent Tessier va donc aller piocher et décortiquer la revue des vétérans du Vietnam pour confronté les deux visions : Celle de la « vérité » des Vétérans (L’auteur va aller regarder le magazine de la VVA) , et celle fantasmée du simple spectateur qui assiste au visionnage d’un film de « divertissement ».
William Defoe recevant une récompense de la part de l'association des Vétéran du Vietnam pour son rôle dans Platoon.
L’auteur met bien en valeur le fait que cette guerre échappe longtemps au monde du cinéma car l’inconscient collectif américain à été « gavé » par une guerre qu’il recevait tout les soir chez lui, dans son salon ou sa cuisine, devant la télé.
Il met aussi le doigt sur une structure de narration calqué sur le précédent conflit, qui met en avant le GI’s et pas l’ennemi.
Cette focalisation va aussi transformer le langage descriptif de la guerre, car il faut la rendre « propre », et le terme comme frappe chirurgicale comme on le découvrir lors de la première guerre du Golfe, prends bien ses racines au Vietnam, conflit qui à élaborer et transformé un langage tactique et offensif en un langage politiquement correct qui ce veut neutre:
- Free-Fire-Zone (Zone de tir à volonté avec tout ce que cela implique pour les population civiles) se transforme en Pre-Cleared firing Aera (soit Zone de tir préalablement inspectée…)
- Les morts sont des KIA, et les disparus (souvent mort) des MIA.
- les missions Search and Destroy deviennent vite Search and clear (sortez vos balais…)
Cela aura une influence majeure dans l’image que la population se fera de la guerre, avec à la fois le sentiment que cette guerre est menée dignement, mais avec une intime conviction face à certaines images d’actualités que ce n’est pas réellement la vérité.
Le monde du cinéma n’est pas prêt dans les années soixante à prendre le risque de produire un film sur cette guerre et John Wayne investit d’une mission patriotique (purement personnel) va devoir faire des pieds et des mains pour monter son film et finalement obtenir du gouvernement Johnson de l’aide technique.
Le cas John Wayne est intéressant dans les année 50/60 ; il représente pour toute une génération, le combattants américains victorieux.de la seconde Guerre Mondiale. Beaucoup de volontaires diront qu’ils s’engagèrent pour le Vietnam pour vivre une « aventure à la John Wayne » qui était un modèle. Le problème c’est que le modèle était parfait pour un conflit conventionnel comme il se déroula durant la seconde guerre mondiale, mais pas au Vietnam, et les désillusions furent grandes et même fatales ! Donc l’auteur démontre que le cinéma pré Vietnam, influence la génération qui va faire cette guerre : Mais alors comment va influencer la production « Vietnamiste *» qui va ce faire jour à partir des années 70 ?
Les Bérets Verts, le film de John Wayne fut considéré comme un pur film de propagande par les Doves, mais d’un autre cotés les Hawks reconnurent aussi la faiblesse artistique de l’objet cinématographique. Au final ce film fut condamné de toute parts, et ferma la porte des studios à d’autres auteurs et réalisateurs qui voulurent traiter le sujet.
Tessier va en parallèle dresser le portrait que le cinéma ou la télévision fera du Vétéran. En effet comme il n’y presque pas de production conséquentes sur la guerre « in country », on va développer des narration de cette guerre « at home ». Ainsi dans différents films, d’action, policier et même d'horreur, on va voir apparaître le personnage du Vétéran. L’auteur va les appeler les « psychovets » qui est une contraction entre psychotique (psychopathe…) et Vétéran.
Il est intéressant de voir que la représentation à la télévision et au cinéma du Vet (Vétéran du Vietnam) est en grande majorité négative : le Vet est violent, traumatisé, fou, assassin, déséquilibré. Il fera figure du méchant, du sérial killer dans nombres de films. Par la suite, certain film d’action de série B essaye de ce servir du personnage comme justicier, mais cette justice est expéditive et donc l’image du Vet restera longtemps celui un être violant qui n’est pas socialisé, voir en rébellion contre la société. rébellion qui aux états Unis peut faire l’amalgame avec la Nation, donc le Vet devient paradoxalement Anti-patriotique alors qu'il un acteur très patriote dans la société Américaine !
Le tueur dans L'inspecteur Harry(Dirty Harry) est sous entendu être un ancien du Vietnam.
Bref, Apocalypse Now ou Deer Hunter n’aidèrent pas à l’amélioration de l’image que l’on a du vétéran, qui restent un névropathe violent, au bord de la folie. Mais les avancées majeures de ces films dans leurs qualités narratives et photographique, sans parler de la distribution des acteurs de grand talent et populaires, firent que les producteurs vont commencer à revenir vers des projets plus ambitieux sur le sujet, qui à l’air de rencontrer enfin à la fin des années soixante dix un nouvel intérêt et aussi un nouveau public, une nouvelle génération qui veut comprendre ce conflit.
Les deux films cités sont aussi une sorte de retour vers la maison, une volonté de recréer un lien entre l’ancien combattant et une population qui l’a fantasmé. Etonnement un des films qui avait le plus contribuer à la compréhension du Vet fut Rambo !
Le grand succès populaire (et mondial) du film et bien que le personnage de Rambo ne soit pas représentatif du vétéran, l’américain va pouvoir de manière « divertissante » s’identifier et accepter l’ancien soldat, quelque soit sont traumatisme et sa violence.
L’auteur note un fait très important dans Rambo : Le scénariste retourne les codes en faisant de Rambo un Viet ! Il est seul, sans armes, caché dans la forêt, un espace qu’il connaît bien (transposition de la jungle). Cette inversion des rôles rend le personnage plus fort, personnifiant l’esprit « guerrier américain » alors qu’il dépeint une certaine manière de faire la guerre, qui n’était attribué avant qu'au soldat Nord Vietnamien !
À partir de Rambo va naître une série de film qui va surfer sur la mode du « gagner pour guérir ». Ces films comme Missing in Action, Rambo II et autres joyeusetés pro guerre que l’auteur n’hésite pas à qualifier de Reaganienne*. Cet axe de réconciliation ne donnera pas des films très réalistes, et ils furent vivement critiqués par la VVA (Vietnam Veteran of American) qui attaqua même personnellement dans ses couvertures Stallone en lui demandant où il était lors de la guerre. (Stallone n’a pas fait son service et donc encore moins la guerre, pas plus que Chuck Norris d’ailleurs)
Il est intéressant de faire remarquer que les vétérans attaquèrent de préférence des acteurs bellicistes, alors que ceux qui tinrent des rôles de traumatiser ou d’assassins ne furent pas vilipendés. Pour le Vet, les films pro-guerre sont un révisionnisme malsain de l'histoire véhiculant un racisme anti asiatique limite. Mais paradoxalement ce type de films sera un facteur de réconciliation des américains avec la guerre du Vietnam.
L’effet Platoon ! Platoon aura un impact très fort dans la société Américaine. Le film fut considéré par une grande majorité de Vet comme le plus réaliste jamais réalisé sur le Vietnam. L’histoire de Chris Taylor, ce jeune soldat (qui est l’alter égo du réalisateur, Oliver Stone) va avoir pour fonction de rendre hommage aux Vet et par extension « soigner » la nation qui jusqu'à lors ne voulait voir en eux que des perdants et non des combattants. Les Vétéran cautionnent en plus le fait que le film est réalisé en plus par un des leurs, un Vet!
Platoon réconcilie dans la souffrance héroïque le peuple américain avec ses « boys », de manière un peu manichéenne, voir christique (scène de la mort du Sergent Elias), mais de façon touchante avec une trame romanesque pertinente et une photographie parfaite.
S’ensuit ce que l’auteur appel la « Vetsploitation » ou exploitation du filon qu’a ouvert le succès de Platoon.
Les films se feront donc presque sous le même modèle que Platoon, avec rigueur, sans plagiat, mais sans jamais égaler l’original.
L’auteur terminera par We were soldiers, qui selon lui est l’ultime film sur le Vietnam pour deux raisons :
La première raison est que We Were soldiers raconte l’histoire d’une longue bataille (Bataille qui n’était pas si courante durant la guerre du Vietnam) qui semble reprendre les codes des films de guerre de la seconde guerre mondiales, à la John Wayne, en magnifiant l’héroïsme, le patriotisme, l’esprit de sacrifice, de manière un peu lourde, avec ce personnage de soldat idéalisé représenté par le courageux et héroïque officier (Moore joué par Mel Gibson). L’aspect moralisateur donne au film un coté très désuet que les précédentes productions avaient évitées.
La seconde raison, c’est qu’indépendamment de l’aspect « classique » du film, le réalisme, la brutalité et la tension du film rejoint le code du film Vietnamiste. D’autre part le personnage du combattant Vietnamien est aussi représenté avec la même humanité que le GI’s.
We Were Soldiers fait donc enfin le pont entre deux monde, celui du début de cette guerre avec une justification politique et humanitaire, et sa fin qui contredit en bloc les précédentes affirmations et l’image de propagande. Ainsi l’Amérique peu regarder enfin son histoire à travers ce film et relire aussi son passé. Reste à savoir, comme toute les représentations historiques, elles ne font pas office de révisionnisme pour mieux accepter la défaite ? En tout les cas l’auteur émet l’hypothèse que ces multiples représentations auraient pus jouer une rôle de « guérison représentationnelle ».
En conclusion (enfin) c’est une solide (très solide) étude sur la représentation de la guerre qui traite presque tout les aspects de celle ci dans la société américaine, et par dessus tout à travers l’œil des Vétérans. Bien que cet article soit long à lire, je m’en excuse (je n’ai pas de contrainte éditorial) il survole à peine le contenu de ce livre que tout les cinéphiles de ce forum devraient parcourir.
En tout les cas sa lecture donne envie de revoir pas mal de films que l’on croit bien connaître, mais que l’on a envie de revoir pour finaliser la lecture de ce livre.
L'auteur liste en fin d'ouvrage tout les films traitant du Vietnam: Presque 200. (Cinéma, Documentaires et TV.)
Un article écris par l'auteur en 2005 qui préfigure son livre http://www.unige.ch/ses/socio/carnets-de-bord/revue/pdf/8_71.pdf (si vous avez le courage de lire les 12 page, accrochez vous)
* Vietnamiste est un terme inventé par l’auteur pour faire le distinguo entre des films Vietnamien et de ceux traitant de la guerre du Vietnam produit par les Américains.
* Reaganienne et un adjectif inventé faisant allusion à la politique de Ronald Reagan (40ème président des USA de 1981 à 1989) qui fut le chantre du néo-libéralisme et du néo conservatisme.
*VVA, Vietnam Veteran of America qui édita un magazine à partir de 1978. Page Facebook du MAGAZINE VVA.
Vous pouvez aller aussi regarder du cotés d’un LIVRE plus accessible que j’adore !
Dernière édition par javel le Mer 22 Mar 2017 - 9:12, édité 4 fois
javel- Messages : 3167
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Re: Le Vietnam Un cinéma de l’Apocalypse
Puff Lun 20 Juin 2016 - 17:13
Encore une bien chouette review Javel. Merci !
Puff- Messages : 2363
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napalmboy- Messages : 308
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Re: Le Vietnam Un cinéma de l’Apocalypse
yomec0644 Mar 21 Juin 2016 - 12:57
Merci pour cette belle présentation!!
Encore une fois je ne suis très livre et ca me donne envie...
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yomec0644- Admin
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Re: Le Vietnam Un cinéma de l’Apocalypse
javel Mar 21 Juin 2016 - 13:23
Merci.
Je viens de corriger les problèmes de syntaxe, de conjugaison et d'orthographe... y avait du boulot.
J'ai ajouté aussi quelque précisions.
Je viens de corriger les problèmes de syntaxe, de conjugaison et d'orthographe... y avait du boulot.
J'ai ajouté aussi quelque précisions.
javel- Messages : 3167
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Re: Le Vietnam Un cinéma de l’Apocalypse
LT John Rinney Jeu 23 Juin 2016 - 10:17
Merci beaucoup javel 
Tu es mon Bernard Pivot préféré
amicalement lt john rinney
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LT John Rinney- Messages : 1228
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javel- Messages : 3167
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Re: Le Vietnam Un cinéma de l’Apocalypse
snob Dim 11 Aoû 2019 - 21:53
Bonsoir Javel,
J'ai commandé le livre sur Amazon.
Une bonne " Entrée " pour ce livre :
https://www.cairn.info/revue-sociologie-de-l-art-2011-1-page-233.htm#
J'ai " digéré " les pages d'introduction citées dans ton post de la thèse de l'auteur ( effectivement, il faut " s'accrocher " ).
Cordialement
snob
J'ai commandé le livre sur Amazon.
Une bonne " Entrée " pour ce livre :
https://www.cairn.info/revue-sociologie-de-l-art-2011-1-page-233.htm#
J'ai " digéré " les pages d'introduction citées dans ton post de la thèse de l'auteur ( effectivement, il faut " s'accrocher " ).
Cordialement
snob
snob- Messages : 328
Date d'inscription : 08/04/2018
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Localisation : 33950
" Nuit américaine sur le Vietnam/ le cinéma US et la ' sale guerre ' " de Michel Jacquet
snob Sam 5 Oct 2019 - 9:44
Bonjour,
Un petit topo sur un livre que je viens de lire ( en une petite soirée - une centaine de pages -) " NUIT AMERICAINE SUR LE VIETNAM - Le cinéma U.S. et la " sale guerre " de Michel Jacquet.( 2009 - comme Laurent Tessier et " LE VIETNAM UN CINEMA D'APOCALYPSE "- )
L'objectif n'est pas de " phagocyter "ce très bon post de toi, Javel, mais de regrouper et complèter ce post sur le cinéma américain et la guerre du Vietnam plutôt que chercher dans toute la rubrique "livres" pour y trouver des informations sur ce ( vaste ) thème.
On y retrouve bien sûr des éléments développés aussi par Laurent Tessier dans son ouvrage ( le même thème et des films communs ) mais un éclairage différent de la " sale guerre " à la " guerre propre "...avec toujours cette " invisibilité " de l'adversaire mais aussi l'obsession nouvelle du moins de pertes possibles...A lire donc !!
Cordialement
snob
P.S. : j'ai lu Laurent Tessier, " LE VIETNAM UN CINEMA D'APOCALYPSE " , j'ai apprécié beaucoup d'apports de l'auteur sur le thème mais je crois qu'il va falloir que je le lise plusieurs fois, comme tu dis Javel, cette tendance des intellectuels à " couper les cheveux en quatre ( voir en dix ) "...c'est valable aussi pour Michel Jacquet mais moins impactant sur la lecture car le livre est " de poche ".
Un petit topo sur un livre que je viens de lire ( en une petite soirée - une centaine de pages -) " NUIT AMERICAINE SUR LE VIETNAM - Le cinéma U.S. et la " sale guerre " de Michel Jacquet.( 2009 - comme Laurent Tessier et " LE VIETNAM UN CINEMA D'APOCALYPSE "- )
L'objectif n'est pas de " phagocyter "ce très bon post de toi, Javel, mais de regrouper et complèter ce post sur le cinéma américain et la guerre du Vietnam plutôt que chercher dans toute la rubrique "livres" pour y trouver des informations sur ce ( vaste ) thème.
On y retrouve bien sûr des éléments développés aussi par Laurent Tessier dans son ouvrage ( le même thème et des films communs ) mais un éclairage différent de la " sale guerre " à la " guerre propre "...avec toujours cette " invisibilité " de l'adversaire mais aussi l'obsession nouvelle du moins de pertes possibles...A lire donc !!
Cordialement
snob
P.S. : j'ai lu Laurent Tessier, " LE VIETNAM UN CINEMA D'APOCALYPSE " , j'ai apprécié beaucoup d'apports de l'auteur sur le thème mais je crois qu'il va falloir que je le lise plusieurs fois, comme tu dis Javel, cette tendance des intellectuels à " couper les cheveux en quatre ( voir en dix ) "...c'est valable aussi pour Michel Jacquet mais moins impactant sur la lecture car le livre est " de poche ".
Dernière édition par snob le Lun 6 Avr 2020 - 9:24, édité 7 fois
snob- Messages : 328
Date d'inscription : 08/04/2018
Age : 64
Localisation : 33950
Re: Le Vietnam Un cinéma de l’Apocalypse
javel Sam 5 Oct 2019 - 12:14
Merci pour ce retour et complément. Le format doit être plus digeste que le Tessier, et j'avoue qu'après je n'avais pas eu le courage d'enchainer avec celui ci.
javel- Messages : 3167
Date d'inscription : 28/06/2013
Age : 54
Localisation : Le maquis
Re: Le Vietnam Un cinéma de l’Apocalypse
javel Lun 14 Fév 2022 - 13:02
Pour ceux qui n'aiment pas lire: 
https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/guerre-du-vietnam-34-les-images-de-la-guerre
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javel- Messages : 3167
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Re: Le Vietnam Un cinéma de l’Apocalypse
Rob1 Sam 16 Sep 2023 - 17:35
Je viens seulement de découvrir ce résumé. Passionnant, merci Javel !javel a écrit:Le Vietnam Un cinéma de l’Apocalypse
De Laurent Tessier. Edition Cerf-Corlet/ Du Cerf 2009.Collection 7ème Art. Couverture souple. 300 pages.
Je considérais We were soldiers comme un film oubliable, mais c'est vrai que ce qui décevait, c'était justement son côté "holywoodien", le pathos prêt-à-consommer sur un sujet, la guerre du Viêt Nam, habituellement traité de manière plus profonde.
En quelque sorte, après avoir évoqué ce conflit de manière très détournée (Apocalypse Now), puis cherchant une hyper-immersion (Platoon), l'existence de ce film suggère que les USA ont réussi à tourner une nouvelle page s'ils exploitent le sujet à la manière holywoodienne standard.
Rob1- Messages : 71
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Re: Le Vietnam Un cinéma de l’Apocalypse
javel Dim 17 Sep 2023 - 11:35
Merci
C'est marrant que tu postes aujourd'hui un commentaire ici.
Je te conseil un documentaire passionnant que j'ai regardé hier, utilisant le matériel qu'avait réalisé Eleanor Coppola lors du tournage. Les réflexions et les échanges de Coppola sur la guerre et de ses difficultés à trouver une fin au film (En partie à cause de Marlon Brando qui ne s'était pas du tout préparé au rôle.) sont mémorables.
Il doit être sur la dernière éditions blu-Ray collector avec la version director's cut.
Aux coeurs des ténèbres
C'est marrant que tu postes aujourd'hui un commentaire ici.
Je te conseil un documentaire passionnant que j'ai regardé hier, utilisant le matériel qu'avait réalisé Eleanor Coppola lors du tournage. Les réflexions et les échanges de Coppola sur la guerre et de ses difficultés à trouver une fin au film (En partie à cause de Marlon Brando qui ne s'était pas du tout préparé au rôle.) sont mémorables.
Il doit être sur la dernière éditions blu-Ray collector avec la version director's cut.
Aux coeurs des ténèbres
javel- Messages : 3167
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