L'affaire Boudarel.

L'affaire Boudarel de Marc Charuel au éditions du Rocher. 231 pages.



Je ne m'y attendais pas! À quoi? À prendre une bonne claque.

Qui est ce Boudarel? Pour certains un universitaire brillant (ce qu'il fut réellement) qui eu une jeunesse malheureuse en Indochine, pour d'autres, un tortionnaire des camps de "rééducation" Viet-minh.

Lorsque j'ai acheté ce livre, je ne m'attendais pas à autre chose qu’une biographie d'un mec controversé, pris dans les rouages de l'histoire comme l’eut été le Lt. Calley bien après lui. L'aspect biographique d'un livre le rend souvent égocentré, partial, et au final il est toujours difficile de se détacher du personnage.

Mais là, il y a du niveau! L'auteur est tout de même un ancien grand reporter, et ce n'est pas anodin si c'est Lartéguy qui lui préface son livre!
L'auteur est aussi romancier, et à écrit plusieurs roman policier par la suite, et son style, pour un livre d'histoire n'a rien à envié à Lartéguy justement, dont le style est assez similaire par son rythme et les images qu'il décrit.

Son analyse aussi du conflit Indochinois va bien au delà de l'affaire Boudarel, mais revenons à cette affaire:

L'affaire ne commence pas avec Georges Boudarel dans sa région natale de Saint Étienne à la fin de la seconde guerre mondiale. Elle ne commence pas non plus en 1946 à Hanoï ou Saïgon. Elle commence le 13 février 1991 au Sénat lors d'une conférence sur le Vietnam où un universitaire renommé dans le domaine du Vietnam doit intervenir au milieu d'autres éminents spécialistes.

Mais lors de la présentation des intervenants une voix s'élève parmi les auditeurs. C'est celle de Jean Jacques Beucler, député de Haute-Saône de 1968 à 1981, secrétaire d'État à la Défense puis aux Anciens Combattants de 77 à 78. Mais c'est aussi un ancien prisonnier du Viet-Minh au camp 113, celui où un certain Boudarel officiait en pleine lumière sous ce même nom comme chef de camp et responsable d'une mortalité accablante chez les hommes dont il a la responsabilité.

Comment Boudarel est-il revenu en France après avoir été condamné à mort par contumace ? Comment a-t-il pu accéder à ce rang de fonctionnaire universitaire de l'éducation nationale? Qu'a-t-il fait en Indochine?

C'est ce que ce livre raconte et décrit avec force. Au départ l'auteur nous construit patiemment le personnage, le pourquoi du comment, puis ses ambitions, et la progression inexorable vers la traitrise, sans faille, assumée avec une froideur qui fera dire à certain témoin que Boudarel était un nazie d’extrême gauche.

Les chiffres aussi, puissants, sans équivoque, qui évoquent là encore les camps de prisonniers Nazie ou Soviétique, mais dont les pourcentage de mortalité sont encore plus grand dans les camps Viet-minh et encore plus grand dans celui de Boudarel.

L'auteur reprend les témoignages, les croisent, et déterre peu à peu le cadavre inhumain des sévices arbitraires qui poussèrent les plus endurcis au bord de la folie, et les plus faibles à une mort avilissante.

Là où le livre se démarque de bien d'autres sur le sujet comme Le Manifeste du camp N°1 ou Les Soldats Blanc d'Indochine, par son développement sur le fait que ces crimes ont très rapidement mis en sourdine par les autorités Française, les explications sont assez édifiantes, et bien sûr cela arrangea l'oncle Ho qui n'avait pas avantage à montrer "la générosité" du peuple Vietnamien envers les soldats prisonniers.

Le livre se termine par l'affaire en elle même, celle franco-française, qui avait agitée durant des mois les forces de gauche (surtout d’extrême gauche) et la droite. Le crime contre l'humanité est énoncé, rediscuté, analysé autour de l'homme et de ses crimes. Ses accusateurs veulent le voir jugé, ses défenseurs font appel au droit de l'amnistie (dont il a bénéficié indirectement en 63), bref un beau sacs de nœuds.

Qu'est devenu ce personnage? Et bien il est mort libre dans son lit en 2003 le lendemain de Noël. Pour reprendre le titre d'un film de Kurozawa: "les salauds dorment en paix".

Merci encore pour ce beau résumé Javel, un livre de plus que tu donnes envie de lire !

salut, j'ai déjà discuté avec des anciens qui avaient connu la haute clémence de l'oncle HO… et bien les camps nazis n'étaient pas enviables.

pour Bourdarel, cette pute, la France d'après guerre a protégé beaucoup de tortionnaires de gauches.

Savez vous que dans les camps allemands… de concentrations, bcp étaient tenu en fait par une pseudo mafia communiste, cad que si un résistant de droite arrivé dans un camp tenu par les rouges, sa chance de survie était moindre. Apres guerre, les résistants ont fait du ménage dans leur rang, car bcp de FTP préparaient la suite, l'invasion de l'ami rouge qui heursement ne produiras pas.

Bref, comme tu dis des salauds, il y a plein et maintenant on les connait mais on ne fait toujours rien.

bon dimanche les amis

Merci pour le résumé Javel, mes lectures sont bien rares depuis un bon moment

Pour les camps de concentration nazis, c'était une technique de contrôle allemande déjà utilisée depuis des millénaires : "diviser pour régner".

fumaco a écrit:
pour Bourdarel, cette pute, la France d'après guerre a protégé beaucoup de tortionnaires de gauches.
Savez vous que dans les camps allemands… de concentrations, bcp étaient tenu en fait par une pseudo mafia communiste, ...

Cher Fumaco, le sujet est sensible, et on emplois souvent à tord "de gauche" pour définir des extrêmes, voir le mot "socialos" pour stigmatiser une politique sans vraiment savoir ce que SOCIALISME veut dire.
C'est un peu comme dire "conservateur" ou "de droite" pour parler de personnes extrêmes ayant le bras droit plus léger que le gauche, cela n'a pas vraiment de sens, et laisse juste transpirer des convictions, qui je le pense ne regarde pas ce forum.
Pour préciser sur les protégés de "gauche", c'est De Gaule, qui je le crois, n'était pas un fervent socialiste, qui a fait pression pour faire passer cette loi d'amnistie qui profite à Boudarel.  Mais après guerre, c'est surtout les tortionnaires de "droite" qui furent protégés (plus nombreux...) sous couvert de réunification Nationale.

Quant à la mafia communiste dans les camps nazie, j'aimerais là encore connaitre tes sources car c'est extrêmement surprenant de la part de l'appareil Nazie de laisser grenouiller leurs bêtes noires à des fonctions d'encadrement, surtout que les Kapos étaient choisie parmi des personnes détenues de droit commun, et là où je serais d'accord avec toi, des mafieux, des assassins, des voleurs, mais non des politiques, même s'ils pouvaient être Russes pour certain. (Russe en cette période ne veut pas automatiquement dire communiste)

petite précision sur la mortalité dans les camps Viet-Minh, la comparaison faite dans le livre est réalisé avec les chiffres recensés des camps de PRISONNIERS, et non de concentration, car l'on doit comparer ce qui est comparable.

Mais ce forum et ce post ne traite pas de cette malheureuse période.

@Blueballs: La méthode est en effet la même, quelque soit le but. Les Vietnamiens s'inspirent surtout du système soviétique qui à fait ses preuves lors des grande purges des années 30. Un "exemple" pour tout les totalitarismes suivant!

salut, pour mes sourcs, les anciens.. j'ai un ami qui a tenu un journal de camp, il était de droite, la plupart de gauche. Il a du sa survie au fait que juste avant la fin, il soit tombé dans un coma. Il a survécu mais bcp d'anciens de droites non tandis que les FTP tenaient le crachoir sur les podiums en 45/46 lors des retours.
Les allemands laissaient faire je pense car leur vision était qu'à la fin il n'en resterait aucuns.
Je ne juge pas le passé mais je pousse la parole des anciens qui ne sont plus.

fumaco a écrit:Il a du sa survie au fait que juste avant la fin, il soit tombé dans un coma.

ce genre de phrase est pour le moins surréaliste!
Un mec qui tombe dans le coma dans un camps de prisonnier n'a pas beaucoup de chance de s'en sortir non??

Tu parles de camps de concentration ou de prisonnier? Ce n'est pas clair. (Prisonnier je pense)

Il a survécu mais bcp d'anciens de droites non

Fumaco tu devrais faire attention, beaucoup d'hommes ne sont pas revenus, quelque soit leurs appartenances politique. Faire le distinguo entre ceux de "droite" et ceux "de gauche " me parait, sans vouloir te vexer, un peu simpliste. Cette dualité de la résistance, je pense bien que les Nazies s'en contre fichaient comme de leur premier Gugelhupf et ceux qu'ils laissèrent au fond d'un fossé, sans jugement, après une bonne rafales, qu'ils soient de droite comme de gauche, ne mourraient pas mieux ou moins bien que les autres.
C'est bien un truc franco-français que de se tirer dans les pattes alors que l'on est déjà sous la mitraille teutone, c'est contre productif et qui coûta la vie à Jean Moulin.

Bon là j'arrête le débat ce n'est ni le post ni le forum pour le faire (même si l'histoire de la résistance française à un lien avec les premiers combattants d’Indochine)

merci d'avoir échangé tes infos.