[Pacific] Frères d'armes.

Sans avoir fait le tour des livres sur le Nam, je fais en ce moment le tour de quelques livres sur la seconde guerre mondiale. Avec le recul sur mes précédentes lectures, il est marquant que le GI's et le Grunt n'avaient pas les mêmes motivations ni la même endurance. Ce livre est une perle pour justement parler d'endurance. Faisant plus de 500 pages, je me suis permis de faire juste une petite synthèse pour les oiseaux paresseux que nous somme. Bisous bisous.


Eugene B. SLEDGE. Éditions des Belles Lettres. Collection Mémoires de Guerre. Folio 522 pages.



Voilà encore un livre qui ravira les fans de la série produite par HBO, The Pacific (2010) car l’auteur est un des personnages principaux de cette épique série et pour cause une grosse partie de la série s’inspire de son autobiographie guerrière.

Eugene Sledge écrira ce livre principalement pour que les personnes de sa famille comprennent ce qu’il vécut durant cette guerre dont les Américains ont eu du mal à cerner les contours par la suite. Ce mémoire va bien au-delà d’un éclaircissement intime sur sa vie au front car comme mue part une énergie puisée dans ses souvenirs les plus terribles, il nous offre un témoignage admirable de ce que fut les combats.

Son grand talent fut à la fois d’être extrêmement clair et précis sur son vécu, mais aussi de faire des recherches historiques sur les évènements qui eurent lieu en parallèle de sa propre expérience, à fin de nous donner une excellente vue d’ensemble des batailles et sortir le lecteur du simple trou d’obus où il peut être rapidement confiné.

Sledge avait un autre talent : Une mémoire à toute épreuve. Comme si les faits, les actes, les visions avait été imprimée dans son âme à cause de la violence du conflit, un peu à la manière de la lumière crue d’un flash qui révèle une scène photographiée même au plus profond de l’obscurité.

Mais le talent ne suffit pas. Sledge fait partie des vétérans, qui sur le nombre total de combattant US engagé sur le front de la bataille de Peleliu et Okinawa ayant survécu, sans jamais avoir été blessé ! Un miracle lorsque l’on parcourt les pages de ce livre dantesque où les analogies avec les tranchées de la première mondiale sont nombreuse, on peut mesurer que sortir indemne (Physiquement parlant) tient autant du miracle sur de la chance.



Les récits de bataille sont d’une brutalité crue. Sledge pourtant ne deviendra pas cruel comme beaucoup d’autre de ses compagnons ou officiers qui vrillent moralement dans une spirale qui ajoute de l’horreur à l’horreur.

Désabusé, oui il l’est. Son acuité à observer les affres de la guerre témoigne d’une grande sensibilité et surtout d’une grande intelligence pour la compréhension des faits et des hommes. C’est cette même sensibilité qui par moment lui fait ressentir un immense découragement. C’est cette intelligence qui le fait rebondir alors qu’il n’a qu’une envie, courir dans le sens opposé à la bataille.


Okinawa Avril 1945.

La bataille de Peleliu est assez brillement décrite, et donne un excellent complément aux écrits de Robert LECKIE, mais là où le livre prend une ampleur homérique, c’est la narration de la bataille d’Okinawa. Les mots tonnent comme des obus de mortier Japonais, les phrases suintent d’une boue collante à vous immobiliser, les pages sont une véritable visite de charnier. Il est toujours surprenant que des mots simples mis bout à bout deviennent des images complexes, que des mots ordinaires deviennent un spectacle d’effrois.

Le style de Sledge n’a pas la virtuosité de LECKIE, mais il sa sincérité rend les choses si vivantes (ou plutôt mortes dans le sujet qui nous concerne) que le livre se lit comme un roman. Roman que l’on pourrait croire une fiction si Sledge n’avait pas recadré en italique le contexte historique et égrainé les détails les plus sordides de la vie au front.

Ce livre est une somme. Ses préfaces, introduction et avant-propos font déjà 54 pages. Cela pourrait rebuter bien des lecteurs qui veulent rentrer dans le vif du sujet, mais c’est juste une mise en matière qui montre à quel point ce livre fut pour les vétérans de la Guerre du pacifique, un écrit digne de respect, irréprochable quant à sa véracité et son honnêteté.

Pour conclure sur ce livre qui m’a enthousiasmé vous l’aurez compris, je citerai de Sledge un passage que vous trouverez dans une préface et à la fin du livre :

« Avant que vienne le prochain millénaire et que les pays cessent de vouloir asservir les autres, il sera nécessaire d’accepter ses responsabilités et d’être prêts à consentir des sacrifices au nom de son pays- comme l’on fait mes camarades. Ainsi que le disaient les soldats : « Si le pays en vaut la peine qu’on y vive, il vaut la peine qu’on se batte pour lui. » Le privilège va de pair avec la responsabilité. »

Sledge cite un poème qui est à la juste mesure de son regard sur la guerre :

« Vous les foules au visage béat et au regard enflammé
Qui acclamez les jeunes soldats lorsqu’ils marchent au pas,
Rentrez vite chez vous et priez de ne jamais connaître
L’enfer vers lequel s’en vont la jeunesse et les rires. »


*Siegfreid Sassoon. Suicide in the trenches. 1918.



Pour le reste, le plus sanglant, le plus écœurant, le plus injuste, je vous laisse le découvrir par vos propre yeux. Bonne lecture.


Eugne Sledge prise en photo dans son Université de Mobile où il fut professeur de science.

Rhoo il a fait un copié coller d'un autre forum.

Plus sérieusement, merci pour ce partage, mon seul regret est actuellement mon manque de place....

jeune chien fou a écrit:Rhoo il a fait un copié coller d'un autre forum.

J'avoue...

jeune chien fou a écrit:Plus sérieusement, merci pour ce partage, mon seul regret est actuellement mon manque de place....

Je les donnes maintenant après lecture sinon moi non plus je ne m'en sort pas.

javel a écrit:Je les donnes maintenant après lecture sinon moi non plus je ne m'en sort pas.

Donnes les moi, ça me fera une belle béquille centrale pour ma bécane

Sinon comme d'hab, très beau résumé

javel a écrit:Je les donnes maintenant après lecture sinon moi non plus je ne m'en sort pas.

C'est un concept, je suis plus partisan du livre d'occasion où au meilleur ratio (oui je n'ai pas comme toi un libraire sympas par chez moi) et il m'arrive souvent de m'y replonger dedans ou de les relire.