Sympathy for the devil.

Sympathy for the devil.
Kent Anderson
Editions Gallimard Folio Policier. Couverture souple. 579 pages.



Ancien sergent des Force Spéciales durant la guerre du Vietnam, Kent Anderson fut plus tard policier dans plusieurs états, puis professeur d’anglais.

Son roman raconte l’histoire du soldat Hanson, qui au départ, destiné à poursuivre ses études s’engage dans l’armée.
Celle ci lui révèle un talent qu’il n’avait jamais soupçonné alors : La combativité, mais surtout la clairvoyance durant les confrontations ! Décidant de ne pas rester avec les simples soldats dans lesquels il a peu confiance en cas de coup dur, il décide de s’engager dans les Forces Spéciales, et se sera, sous un béret vert, qu’il combattra au Vietnam avec des Montagnards comme conseillé.

Le style est très descriptif. Parfois cela ressemble presque à du Zola tant les descriptions sont fouillées. Au travers d’elle, l’auteur prend un malin plaisir à nous mettre en immersion totale avant que le bruit d’une arme vienne vous surprendre comme un coup de fouet.
Le récit est assez déroutant au départ car même s’il est chronologique, il est parsemé de « flash back » et de souvenirs qui viennent enrichir le récit avec pertinence, mais parfois peu perdre un peu le lecteur non attentif.

L’histoire de Hanson est bien entendu autobiographique, et l’auteur se révèle sans aucune pudeur, avec cet aveux d’être devenu une machine à tuer, et surtout d’aimer ça, ou du moins, étant dans un engrenage de violence et de survie, il ne maîtrise plus ses pulsion de retour à la vie civile. (Les passages de retour au pays sont presque plus dures que celles au combat, car il est difficile de faire la différence entre une personne colérique et un serial killer tant les actions sont cruels et insensées.)

Mais à mon sens, le grand talent de Kent Anderson c’est de raconter les rencontres entre les hommes, combattant ou non. C’est parfois extrêmement croustillant. La haine entre US army et les FS en est presque drôle tant le protagoniste en joue et en surjoue. C’est un délice de voir les tensions montées entre deux personnes, qui dans la plus part des cas, sont lourdement armés !
Le style bien sûr, dont la traduction en français est de toute beauté, pourrais faire penser à Putain de Mort, mais c’est beaucoup moins « stoned », plus précis, plus vif, car nous ne somme pas dans « la même » guerre en quelque sorte.

J’ai beaucoup aimé l’ensemble du livre bien sûr, mais un moment m’a fait hurler de rire, et à lui tout seul traduit exactement le caractère des combattants des forces spéciales, avec leur humour tout aussi « spécial. »
Par exemple, Hanson en se rendant sur un camp de la 3eme Mech de Quang Tri juste avant Noël, voit l’installation de l’US Army sur le toit d’un QG pour les fêtes, c’est à dire un sapin métallique géant, avec un système d’aspiration qui permet à celui ci de donner l’impression qu’il subit une neige perpétuelle.
À cette description, l’auteur commente :

« Les Forces Spéciales avaient édité leur propre carte de Noël, l’image de trois soldats embusqués surmontés d’une unique et brillante étoile, ou fusée éclairante. Mais Hanson et Quinn s’étaient fait tirer les leurs en Floride, par une de ses imprimerie spécialisées dans les catalogues par correspondance et qui, d’ordinaire, donnent plutôt dans la photo de famille en train de poser dans le salon, près du sapin, avec le toutou. La carte commandée par Hanson et Quinn les montrait assis sur un monceau de cadavres, en train de se goinfrer de rations C, était encadrée des traditionnelles guirlandes de houx et portait, imprimé tout en bas, le mot Joie. »

(Page 416)
Ceci est un aperçu cruel et potache à la fois de l’état d’esprit de ces combattants qui survivent autant qu’ils se battent.

Le livre est parsemé de perles, comme ce long exposé d’Hanson sur le caractère d’un pays en examinant ses balles dont ils se servent dans leurs armées (Page 27), cela part sans doute d’une boutade, mais l’explication est si pertinente que l’on se dit après « mais pourquoi je n’y avais pas pensé ? » Peut-être parce que je n’ai pas fait le Vietnam, tout simplement !

Une belle lecture, bien plus féroce que Retour à Matterhorn, et qui n’amène pas de réponses à cette guerre mais beaucoup de détails sur les tenues et sur l’armement, les bivouacs, la nourriture, le rapport avec les Montagnards et les sud Vietnamiens.

Comme le dit souvent Hanson et ses compagnons d’armes durant tout le livre, pour se moquer du président Johnson et de son accent Texan : « Why the Vet-Nom. »
L’histoire ne nous le dira pas, mais beaucoup de portes sont ouvertes ! (À grand coup pieds !)

Je l'ai lu il ya quelques années, mais j'avoue n'avoir que très peu de souvenirs de la trame. Je vais peut-être me le relire car il m'avait bien plu à l'époque. Merci pour cette revue fort bien détaillée !

Huum tu risque de me tenter et encore merci pour tes "mini articles"

Je refait un petit up sur un autre livre de Kent Anderson.
Après le fumeux et psychédélique Méditation en vert de Stephen Wright, j'ai eu plaisir à retrouver l'écriture brillante d'Anderson.

Pas de Saison Pour L'Enfer. 13e NOTE Editions.330 pages



Un recueil de textes qui font référence à la vie d'après, celle d'un Kent Anderson posant ses yeux sur une Amérique post Vietnam, avec un sens critique mordant qui plus d'une fois m'ont fait rire tant son humour d'ancien Force Spéciale est propre à ce corps d'élite.

Donc sans être 100% Nam, ce livre est comme son prédécesseur une perle!
La préface du livre nous annonce aussi un prochain livre sur la guerre du Vietnam, Green Sun, mais comme l'auteur est aussi sauvage que ses écrits pas sûr que cela soi pour demain.

Il est à noté que le premier texte du livre est le commentaire et l’analyse de l'image de la couverture, portrait de Kent Anderson en train d'attendre un hélico pour une mission. C'est une manière de voir l'envers du décors avec des détails sur ses sentiments et émotions à cet instant. Fascinant.

On y trouve aussi les chutes qui n'ont pas été retenues pour Sympathy for the Devil. Ces chutes n'ont pas été écartées pour des raisons de qualités narratives, mais pour alléger l'ouvrage déjà bien dense. La qualité quant à elle est au rendez vous et c'est toujours une délectation de retrouver le Sergent Hanson dans ses périples morbides.

Merci Javel pour cette brève !

Je fais un lien concernant ce dernier livre sur un autre sujet qui le concerne.

@ Javel, tu fais de belles présentations de livres et bin moi j'essayes de les mettre en images



Je sais c'est pas du matos Nam, mais bon c'est pour préparer tiger beer, départ une demi journée avant une partie du dimanche pour une rando de 15 bornes avec 23kg de matos

Pour en revenir au bouquin, merci du conseil , je commence a en être à la moitié.
L'engagé Baleine aurait mieux fait de se couper le tendon au lieux de prendre le M14