"Tunnel rats"
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Kaito
VinceThe
yomec0644
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"Tunnel rats"
La guerre des tunnels
Pendant des années, le Viet-Cong s’est terré dans un extraordinaire réseau de galeries souterraines. Pour le déloger, les « rats de tunnel » américains n’avaient que leur torche électrique et leur pistolet.
Un bataillon du 28th Infantry, commandé par le Lieutenant-Colonel Robert Haldane, marche à travers les hévéas qui entourent sa zone d’atterrissage. Soudain, des rafales crépitent, venant des profondeurs de la jungle. Des soldat sont touchés, mais le bataillon continue sa marche en avant, résolu à neutraliser ses attaquants. Il ne pourra cependant pas y parvenir : chaque fois que l’ennemi est encerclé, il semble s’évanouir dans la nature, laissant Haldane mortifié et perplexe. Il avance encre, mais, de nouveau, ses adversaires, invisibles, se volatilisent.
Cette expérience, vécue par Haldane en janvier 1966 pendant l’Opération Crimp – la première grande mission de ratissage et de nettoyage lancée contre les refuges du Viêt-Cong au nord-ouest de Saïgon – n’allait devenir que trop familière aux officiers d’infanterie américains servant au Vietnam. Ce n’est que plusieurs jours après le début de cette opération que le Sergent Stewart Green s’assit par accident sur ce qu’il pensant être un scorpion mais se révéla être un clou planté dans une trappe en bois. Dessous se trouvait une cheminée étroite qui conduisait à un tunnel. Green explora une petite partie de ce tunnel, mais l’obscurité et la claustrophobie l’en firent rapidement sortir. Quand de la fumée colorée fut envoyée dans l’entrée du souterrain, elle ressortit, à la surprise générale, par des ouvertures disséminées dans toute la campagne environnante. Les GIs venaient de découvrir le secret de ce capacité du Viêt-Cong à se battre comme une armée de fantômes : il disposait d’un vaste complexe de tunnels, dont le labyrinthe s’étendait sous la jungle du Sud-Vietnam. Au plus fort de la guerre, ce réseau de tunnels couvrait des centaines de kilomètres, reliant des provinces et des districts entiers depuis la frontière Cambodgienne jusqu’aux portes de Saïgon.
« personne n’a jamais fait preuve d’autant d’habileté que le Viêt-Cong pour dissimuler ses installations, écrira le Général William Westmoreland. C’était de véritables hommes-taupes ». Ce système de tunnel abritait une armée en campagne et contenait tout ce dont elle avait besoin pour se battre contre la plus grande puissance militaire du monde : des ateliers et des dépôts pour cacher ses armes et ses approvisionnements, des QG pour mettre au point sa stratégie, des hôpitaux pour soigner les blessé et aussi des cuisines, des salles de conférences et des dortoirs. Ces maquisards insuffisamment armés luttaient contre des soldats transportés sur le champ de bataille par hélicoptère n’avaient d’autre ressource que de s’ensevelir sous terre. Caché le jour, le Viêt-Cong réapparaissait la nuit et prenait la direction de la guerre de l’ombre.
Dans ces tunnels, des opérations majeures comme l’offensive du Têt de 1968 furent conçues et préparées dans le plus grand secret. De grandes unités purent se déplacer ses être repérées. Les partisans communistes locaux étaient particulièrement attachés au sol de leurs ancêtres et ces places fortes souterraines représentaient un symbole majeur de leur résistance à ce qu’ils considéraient comme des envahisseurs.
Un monde sous la jungle.
Ce réseau de tunnels commença à se constituer pendant la première guerre d’Indochine, mais il se développa surtout et très rapidement, au moment de l’arrivée des américains. Il fut creusé à la binette par des villageois volontaires, dans cette argile latéritique qui, en séchant devient dure comme du béton. Quand le niveau hydrostatique le permettait, il y avait plusieurs niveaux, séparés par des trappes étanches qui protégeaient le reste du système des gaz et des explosifs ; le piège à eau constitué par un coude en « U » situé dans le plancher du tunnel remplissait la même fonction. Les trappes étaient souvent indétectables, ce qui amenait les explorateurs à penser qu’un tunnel s’arrêtait alors qu’il donnait en fait accès à un vaste réseau. Il y avait de faux tunnels et de pseudo-impasses. Les galeries avaient moins d’un mètre de diamètre, elles faisaient des zigzags et il fallait être très souple pour s’y faufiler. Elles étaient semées de pièges : grenades, pieux taillés en pointe et même quelques serpents venimeux.
Les entrées des tunnels étaient habilement dissimulées. Même l’accès à un réseau abritant un quartier général aussi important que celui de Phu My Hung était constitué par une trappe de 50cm de côté. Le Viêt-Cong plaçait habituellement des mines près des tunnels principaux : une unité américaine dont les soldats se faisaient tuer ou blesser par des mines risquait moins de s’attarder dans les parages. Le haut commandement américain ne fut jamais pleinement conscient de la dimension véritable de ce système de tunnels.
Pour les maquisards communistes, les conditions de vie dans les tunnels étaient incroyablement dures. L’air était malsain et la nourriture presque toujours insuffisante pourrissait rapidement. Araignées, fourmis et moustiques pullulaient et une sorte de parasite qui se logeait sous la peau provoquait de violentes irritations. Beaucoup de partisans souffraient du paludisme ou d’une carence en vitamines. Malgré cela, tout un style de vie souterrain s’établit : il y eu des mariages et des naissances ; des spectacles et des conférences furent organisées. Une énorme industrie artisanale se développa : la fabrication de mines à partir de bombes américaines non explosées et autres objets de récupération.
Une des plus grandes base de l’armée américaine au Sud-Vietnam, Cu Chi, fut construite juste au-dessus d’un réseau de tunnels Viêt-Cong. L’altitude et la relative sécheresse de cette région convenait bien aux véhicules, mais en faisaient aussi un endroit idéal pour creuser des galeries.
Quand la 25th Infantry Division arriva en 1966, un partisan Viêt-Cong entreprenant du nom de Huynh Van Co se cacha sous le camp avec deux de ses camarades pendant une semaine, ne sortant que la nuit pour semer la confusion et voler de la nourriture. Les soldats américains ne comprenaient rien à ces attaques et pensaient que les tirs de mortiers venaient de l’extérieur de leur périmètre. Comme l’avoua un Général : « Ils avaient bivouaqué sur un volcan » Après avoir provoqué des dommages encore plus psychologiques que militaires, Huynh Van Co et ses compagnons se retirèrent dans la « ceinture » de tunnels qui entourait la base. Ni eux, ni leurs tunnel ne furent jamais découverts.
Les rats de tunnel.
Après l’Opération Crimp, les commandants américains commencèrent lentement à entrevoir l’étendue et l’importance du système de tunnels Viêt-Cong. On commença à trouver des entrées et des tentatives furent effectuées pour détruire les galeries à l’explosif ou en brûlant de l’acétylène. Ce ne fut pas d’une très grande efficacité à cause de la dureté de la terre et la capacité du Viêt-Cong à tout réparer en une nuit. On envoya des chiens débusquer les maquisards, mais ils furent tués ou mutilés par les pièges. Les soldats désignés pour descendre dans les tunnels avaient une certaine tendance à remonter rapidement en disant qu’ils ne conduisaient nulle part. Il devint vite évident que l’armée allait devoir trouver et former des volontaires pour résoudre ce problème particulier. C’est ainsi qu’apparurent des fantassins appelés du nom peu glorieux mais inquiétant de rats de tunnel.
Leur père fut le Capitaine Herbert Thornton, homme à la tête ronde et chauve, originaire du Sud des Etats-Unis. Officier chimiste de la 1st Infantry Division, basée à Di An, il fut d’abord chargé de contaminer les tunnels au gaz CS. Il a de la chance d’être encore en vie : un jour qu’il rampait dans une galerie derrière un rat de tunnel encore novice, celui-ci fit exploser une mine. Thornton fut éjecté et se retrouva à l’air libre, entier mais sourd d’une oreille. On ne retrouva jamais son compagnon.
Les supérieurs de Thornton comprirent que la destruction des tunnels était une politique à courte vue quand ils apprirent que ce réseau souterrain pouvait bien contenir la clé qui leur donneraient accès aux plans de bataille du Viêt-Cong : un véritable trésor de documents caché sous la jungle. Thornton fut alors désigné pour mettre une équipe sur pied. Ses hommes allaient devoir posséder non seulement des compétences spéciales, mais aussi un genre particulier de caractère et de courage. « Cela demandait des qualités assez spéciales, dira Thornton. Il fallait avoir l’esprit curieux, beaucoup de cran et beaucoup de flair pour savoir quoi toucher et ne pas toucher pour rester en vie, parce qu’on pouvait se faire péter la gueule en un rien de temps. On a d’abord essayé d’avoir des équipes de tunnel dans toute la division, mais il y a eu des types qui y sont restés parce qu’ils n’avaient pas appris à entrer correctement dans un tunnel. »
C’était vraiment le type de mission le plus extravagant et le plus angoissant que l’on puisse imaginer : ramper pendant des heures dans des tunnels complètement obscurs en risquant la mort à tout instant… Un fil ou une racine pouvaient déclencher une grenade ou libérer une vipère. Les maquisards Viêt-Cong guettaient en silence pour étrangler le rat de tunnel au moment où il passait la tête par une trappe ou pour l’empaler avec des pieux en bambou pendant qu’il se faufilait dans une cheminée. Les rats de tunnel devaient avoir des nerfs d’acier et des sens aiguisés.
Harold Roper, ancien rat de tunnel, se souvient : « J’ai eu plus peur que jamais auparavant ou depuis. Le Viêt-Cong emmenait ses morts dans les tunnels après une bataille, parce qu’il savait que nous comptions les corps. Ce n’était pas très agréable de les trouver. C’était pire s’ils étaient là depuis une semaine : ça puait ! Tout pourrissait très vite à cause de l’humidité. J’ai vu plusieurs fois des cadavres en train de pourrir ; ça ne m’a pas révolté. Je n’étais plus qu’un animal ; les êtres humains ne font pas ce que nous faisions. J’étais entraîné à tuer et à être tuer. Quand j’y repense, cela me semble irréel. Jamais je ne pourrais refaire maintenant quelque chose qui se rapproche de ça. »
Les rats de tunnel devinrent une unité d’élite au Vietnam, dotée d’un insigne, d’une devise et des autres privilèges liés à ce statut.
Quand l’infanterie découvrait un tunnel, les rats étaient amenés par hélicoptère pour l’explorer et en chasser les maquisards Viêt-Cong. Ils appartenaient à l’armée la mieux équipée du monde, mais leurs techniques étaient simples : ils transportaient seulement une torche électrique, un pistolet et un couteau, ils opéraient par petites équipes qui transmettaient les informations à la surface par téléphone, mais beaucoup s’abstenaient de toute communication, préférant être à l’affût du moindre bruit qui pourrait annoncer un danger. Les « Kit Carson Scouts », ces anciens Viêt-Cong passés dans l’autre camp, accompagnaient les rats pour persuader les maquisards acculés de sortir. Les rats établirent leurs propres règles et leur propres codes : ne jamais tirer plus de trois coups sous terre sans réarmer, sinon l’ennemi saura que le chargeur est vide ; siffler Dixie en sortant d’un tunnel : une silhouette couverte de boue peut facilement être prise pour celle d’un Viêt-Cong.
Les héros des profondeurs.
Quel genre d’homme se portaient volontaire pour ce travail dangereux ? De toute évidence, il valait mieux être petit et il y avait beaucoup d’Hispano-Américains et de Mexicains. C’était tous de drôles d’oiseaux qui savaient qu’ils gagneraient l’estime de leurs camarades en acceptant une tâche aussi éprouvante. Les rats de tunnel affrontaient l’ennemi face à face, en combat singulier.
Le Sergent-Chef Rejo était un grand Cubain, maigre et sec, qui se porta volontaire pour effectuer deux tours de service supplémentaires dans le groupe des rats de tunnel de la 1st Infantry Division. La guerre des tunnels devint une obsession pour lui : « J’adorais ça. L’ennemi nous attaquait, puis il rentrait dans son trou. Je savais qu’on l’aurait. Où est-ce qu’il aurait pu aller ? Quand on me disait qu’il y avait un Viêt-Cong là-dedans, je devenais fou. » Rejo poursuivait les Viêt-Cong ou les nord-vietnamiens dans les profondeurs du système de tunnels jusqu'à ce qu’il les coince. Ses armes favorites étaient le couteau et la baionette. Il ne faisait pas de prisonniers.
Un blessé représentait un obstacle pour ses compagnons et donnait en même temps aux Viêt-Cong une chance de s’échapper et on ne laissait jamais dans un tunnel un rat qui s’était fait tuer. Il régnait entre ces hommes une telle camaraderie qu’il pouvaient violer les consignes et redescendre seul pour aller achever un communiste qui avait tué un des leurs. A une occasion, Rejo ne défia pas seulement les ordres de son commandant, le Lieutenant Randy Ellis, il le laissa aussi délibérément dans l’ignorance de la présence d’un ennemi dans un tunnel où l’un de ses camarades venait d’être gravement blessé. Sous prétexte d’aller poser une charge explosive pour détruire ce tunnel, Rejo descendit seul pour tuer le nord-vietnamien coincé en bas. Il savait aussi que le soldat communiste avait un AK47 et qu’il était prêt à s’en servir pour illuminer la nuit souterraine d’un feu d’artifice d’un genre spécial. En se rapprochant, Rejo opta pour la prudence : il installa sa charge à l’entrée du tunnel où il savait l’ennemi tapi. Quand elle explosa, le tunnel s’effondra. Rejo ne sut jamais si son adversaire avait été enseveli, comme il le souhaitait, ou bien – ce qui était tout aussi probable _ S’il avait filé par quelques passage secret et avait rampé jusqu'à la liberté dans les profondeurs humides et froides du sol sud-vietnamien.
(Sources photos forums publics sur internet, texte revue "Nam")
Pendant des années, le Viet-Cong s’est terré dans un extraordinaire réseau de galeries souterraines. Pour le déloger, les « rats de tunnel » américains n’avaient que leur torche électrique et leur pistolet.
Un bataillon du 28th Infantry, commandé par le Lieutenant-Colonel Robert Haldane, marche à travers les hévéas qui entourent sa zone d’atterrissage. Soudain, des rafales crépitent, venant des profondeurs de la jungle. Des soldat sont touchés, mais le bataillon continue sa marche en avant, résolu à neutraliser ses attaquants. Il ne pourra cependant pas y parvenir : chaque fois que l’ennemi est encerclé, il semble s’évanouir dans la nature, laissant Haldane mortifié et perplexe. Il avance encre, mais, de nouveau, ses adversaires, invisibles, se volatilisent.
Cette expérience, vécue par Haldane en janvier 1966 pendant l’Opération Crimp – la première grande mission de ratissage et de nettoyage lancée contre les refuges du Viêt-Cong au nord-ouest de Saïgon – n’allait devenir que trop familière aux officiers d’infanterie américains servant au Vietnam. Ce n’est que plusieurs jours après le début de cette opération que le Sergent Stewart Green s’assit par accident sur ce qu’il pensant être un scorpion mais se révéla être un clou planté dans une trappe en bois. Dessous se trouvait une cheminée étroite qui conduisait à un tunnel. Green explora une petite partie de ce tunnel, mais l’obscurité et la claustrophobie l’en firent rapidement sortir. Quand de la fumée colorée fut envoyée dans l’entrée du souterrain, elle ressortit, à la surprise générale, par des ouvertures disséminées dans toute la campagne environnante. Les GIs venaient de découvrir le secret de ce capacité du Viêt-Cong à se battre comme une armée de fantômes : il disposait d’un vaste complexe de tunnels, dont le labyrinthe s’étendait sous la jungle du Sud-Vietnam. Au plus fort de la guerre, ce réseau de tunnels couvrait des centaines de kilomètres, reliant des provinces et des districts entiers depuis la frontière Cambodgienne jusqu’aux portes de Saïgon.
« personne n’a jamais fait preuve d’autant d’habileté que le Viêt-Cong pour dissimuler ses installations, écrira le Général William Westmoreland. C’était de véritables hommes-taupes ». Ce système de tunnel abritait une armée en campagne et contenait tout ce dont elle avait besoin pour se battre contre la plus grande puissance militaire du monde : des ateliers et des dépôts pour cacher ses armes et ses approvisionnements, des QG pour mettre au point sa stratégie, des hôpitaux pour soigner les blessé et aussi des cuisines, des salles de conférences et des dortoirs. Ces maquisards insuffisamment armés luttaient contre des soldats transportés sur le champ de bataille par hélicoptère n’avaient d’autre ressource que de s’ensevelir sous terre. Caché le jour, le Viêt-Cong réapparaissait la nuit et prenait la direction de la guerre de l’ombre.
Dans ces tunnels, des opérations majeures comme l’offensive du Têt de 1968 furent conçues et préparées dans le plus grand secret. De grandes unités purent se déplacer ses être repérées. Les partisans communistes locaux étaient particulièrement attachés au sol de leurs ancêtres et ces places fortes souterraines représentaient un symbole majeur de leur résistance à ce qu’ils considéraient comme des envahisseurs.
Un monde sous la jungle.
Ce réseau de tunnels commença à se constituer pendant la première guerre d’Indochine, mais il se développa surtout et très rapidement, au moment de l’arrivée des américains. Il fut creusé à la binette par des villageois volontaires, dans cette argile latéritique qui, en séchant devient dure comme du béton. Quand le niveau hydrostatique le permettait, il y avait plusieurs niveaux, séparés par des trappes étanches qui protégeaient le reste du système des gaz et des explosifs ; le piège à eau constitué par un coude en « U » situé dans le plancher du tunnel remplissait la même fonction. Les trappes étaient souvent indétectables, ce qui amenait les explorateurs à penser qu’un tunnel s’arrêtait alors qu’il donnait en fait accès à un vaste réseau. Il y avait de faux tunnels et de pseudo-impasses. Les galeries avaient moins d’un mètre de diamètre, elles faisaient des zigzags et il fallait être très souple pour s’y faufiler. Elles étaient semées de pièges : grenades, pieux taillés en pointe et même quelques serpents venimeux.
Les entrées des tunnels étaient habilement dissimulées. Même l’accès à un réseau abritant un quartier général aussi important que celui de Phu My Hung était constitué par une trappe de 50cm de côté. Le Viêt-Cong plaçait habituellement des mines près des tunnels principaux : une unité américaine dont les soldats se faisaient tuer ou blesser par des mines risquait moins de s’attarder dans les parages. Le haut commandement américain ne fut jamais pleinement conscient de la dimension véritable de ce système de tunnels.
Pour les maquisards communistes, les conditions de vie dans les tunnels étaient incroyablement dures. L’air était malsain et la nourriture presque toujours insuffisante pourrissait rapidement. Araignées, fourmis et moustiques pullulaient et une sorte de parasite qui se logeait sous la peau provoquait de violentes irritations. Beaucoup de partisans souffraient du paludisme ou d’une carence en vitamines. Malgré cela, tout un style de vie souterrain s’établit : il y eu des mariages et des naissances ; des spectacles et des conférences furent organisées. Une énorme industrie artisanale se développa : la fabrication de mines à partir de bombes américaines non explosées et autres objets de récupération.
Une des plus grandes base de l’armée américaine au Sud-Vietnam, Cu Chi, fut construite juste au-dessus d’un réseau de tunnels Viêt-Cong. L’altitude et la relative sécheresse de cette région convenait bien aux véhicules, mais en faisaient aussi un endroit idéal pour creuser des galeries.
Quand la 25th Infantry Division arriva en 1966, un partisan Viêt-Cong entreprenant du nom de Huynh Van Co se cacha sous le camp avec deux de ses camarades pendant une semaine, ne sortant que la nuit pour semer la confusion et voler de la nourriture. Les soldats américains ne comprenaient rien à ces attaques et pensaient que les tirs de mortiers venaient de l’extérieur de leur périmètre. Comme l’avoua un Général : « Ils avaient bivouaqué sur un volcan » Après avoir provoqué des dommages encore plus psychologiques que militaires, Huynh Van Co et ses compagnons se retirèrent dans la « ceinture » de tunnels qui entourait la base. Ni eux, ni leurs tunnel ne furent jamais découverts.
Les rats de tunnel.
Après l’Opération Crimp, les commandants américains commencèrent lentement à entrevoir l’étendue et l’importance du système de tunnels Viêt-Cong. On commença à trouver des entrées et des tentatives furent effectuées pour détruire les galeries à l’explosif ou en brûlant de l’acétylène. Ce ne fut pas d’une très grande efficacité à cause de la dureté de la terre et la capacité du Viêt-Cong à tout réparer en une nuit. On envoya des chiens débusquer les maquisards, mais ils furent tués ou mutilés par les pièges. Les soldats désignés pour descendre dans les tunnels avaient une certaine tendance à remonter rapidement en disant qu’ils ne conduisaient nulle part. Il devint vite évident que l’armée allait devoir trouver et former des volontaires pour résoudre ce problème particulier. C’est ainsi qu’apparurent des fantassins appelés du nom peu glorieux mais inquiétant de rats de tunnel.
Leur père fut le Capitaine Herbert Thornton, homme à la tête ronde et chauve, originaire du Sud des Etats-Unis. Officier chimiste de la 1st Infantry Division, basée à Di An, il fut d’abord chargé de contaminer les tunnels au gaz CS. Il a de la chance d’être encore en vie : un jour qu’il rampait dans une galerie derrière un rat de tunnel encore novice, celui-ci fit exploser une mine. Thornton fut éjecté et se retrouva à l’air libre, entier mais sourd d’une oreille. On ne retrouva jamais son compagnon.
Les supérieurs de Thornton comprirent que la destruction des tunnels était une politique à courte vue quand ils apprirent que ce réseau souterrain pouvait bien contenir la clé qui leur donneraient accès aux plans de bataille du Viêt-Cong : un véritable trésor de documents caché sous la jungle. Thornton fut alors désigné pour mettre une équipe sur pied. Ses hommes allaient devoir posséder non seulement des compétences spéciales, mais aussi un genre particulier de caractère et de courage. « Cela demandait des qualités assez spéciales, dira Thornton. Il fallait avoir l’esprit curieux, beaucoup de cran et beaucoup de flair pour savoir quoi toucher et ne pas toucher pour rester en vie, parce qu’on pouvait se faire péter la gueule en un rien de temps. On a d’abord essayé d’avoir des équipes de tunnel dans toute la division, mais il y a eu des types qui y sont restés parce qu’ils n’avaient pas appris à entrer correctement dans un tunnel. »
C’était vraiment le type de mission le plus extravagant et le plus angoissant que l’on puisse imaginer : ramper pendant des heures dans des tunnels complètement obscurs en risquant la mort à tout instant… Un fil ou une racine pouvaient déclencher une grenade ou libérer une vipère. Les maquisards Viêt-Cong guettaient en silence pour étrangler le rat de tunnel au moment où il passait la tête par une trappe ou pour l’empaler avec des pieux en bambou pendant qu’il se faufilait dans une cheminée. Les rats de tunnel devaient avoir des nerfs d’acier et des sens aiguisés.
Harold Roper, ancien rat de tunnel, se souvient : « J’ai eu plus peur que jamais auparavant ou depuis. Le Viêt-Cong emmenait ses morts dans les tunnels après une bataille, parce qu’il savait que nous comptions les corps. Ce n’était pas très agréable de les trouver. C’était pire s’ils étaient là depuis une semaine : ça puait ! Tout pourrissait très vite à cause de l’humidité. J’ai vu plusieurs fois des cadavres en train de pourrir ; ça ne m’a pas révolté. Je n’étais plus qu’un animal ; les êtres humains ne font pas ce que nous faisions. J’étais entraîné à tuer et à être tuer. Quand j’y repense, cela me semble irréel. Jamais je ne pourrais refaire maintenant quelque chose qui se rapproche de ça. »
Les rats de tunnel devinrent une unité d’élite au Vietnam, dotée d’un insigne, d’une devise et des autres privilèges liés à ce statut.
Quand l’infanterie découvrait un tunnel, les rats étaient amenés par hélicoptère pour l’explorer et en chasser les maquisards Viêt-Cong. Ils appartenaient à l’armée la mieux équipée du monde, mais leurs techniques étaient simples : ils transportaient seulement une torche électrique, un pistolet et un couteau, ils opéraient par petites équipes qui transmettaient les informations à la surface par téléphone, mais beaucoup s’abstenaient de toute communication, préférant être à l’affût du moindre bruit qui pourrait annoncer un danger. Les « Kit Carson Scouts », ces anciens Viêt-Cong passés dans l’autre camp, accompagnaient les rats pour persuader les maquisards acculés de sortir. Les rats établirent leurs propres règles et leur propres codes : ne jamais tirer plus de trois coups sous terre sans réarmer, sinon l’ennemi saura que le chargeur est vide ; siffler Dixie en sortant d’un tunnel : une silhouette couverte de boue peut facilement être prise pour celle d’un Viêt-Cong.
Les héros des profondeurs.
Quel genre d’homme se portaient volontaire pour ce travail dangereux ? De toute évidence, il valait mieux être petit et il y avait beaucoup d’Hispano-Américains et de Mexicains. C’était tous de drôles d’oiseaux qui savaient qu’ils gagneraient l’estime de leurs camarades en acceptant une tâche aussi éprouvante. Les rats de tunnel affrontaient l’ennemi face à face, en combat singulier.
Le Sergent-Chef Rejo était un grand Cubain, maigre et sec, qui se porta volontaire pour effectuer deux tours de service supplémentaires dans le groupe des rats de tunnel de la 1st Infantry Division. La guerre des tunnels devint une obsession pour lui : « J’adorais ça. L’ennemi nous attaquait, puis il rentrait dans son trou. Je savais qu’on l’aurait. Où est-ce qu’il aurait pu aller ? Quand on me disait qu’il y avait un Viêt-Cong là-dedans, je devenais fou. » Rejo poursuivait les Viêt-Cong ou les nord-vietnamiens dans les profondeurs du système de tunnels jusqu'à ce qu’il les coince. Ses armes favorites étaient le couteau et la baionette. Il ne faisait pas de prisonniers.
Un blessé représentait un obstacle pour ses compagnons et donnait en même temps aux Viêt-Cong une chance de s’échapper et on ne laissait jamais dans un tunnel un rat qui s’était fait tuer. Il régnait entre ces hommes une telle camaraderie qu’il pouvaient violer les consignes et redescendre seul pour aller achever un communiste qui avait tué un des leurs. A une occasion, Rejo ne défia pas seulement les ordres de son commandant, le Lieutenant Randy Ellis, il le laissa aussi délibérément dans l’ignorance de la présence d’un ennemi dans un tunnel où l’un de ses camarades venait d’être gravement blessé. Sous prétexte d’aller poser une charge explosive pour détruire ce tunnel, Rejo descendit seul pour tuer le nord-vietnamien coincé en bas. Il savait aussi que le soldat communiste avait un AK47 et qu’il était prêt à s’en servir pour illuminer la nuit souterraine d’un feu d’artifice d’un genre spécial. En se rapprochant, Rejo opta pour la prudence : il installa sa charge à l’entrée du tunnel où il savait l’ennemi tapi. Quand elle explosa, le tunnel s’effondra. Rejo ne sut jamais si son adversaire avait été enseveli, comme il le souhaitait, ou bien – ce qui était tout aussi probable _ S’il avait filé par quelques passage secret et avait rampé jusqu'à la liberté dans les profondeurs humides et froides du sol sud-vietnamien.
(Sources photos forums publics sur internet, texte revue "Nam")
Dernière édition par yomec0644 le Lun 12 Déc 2011 - 17:26, édité 1 fois
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Re: "Tunnel rats"
Documentaire en français sur les tunnel de Cu Chi:
http://documentaire-streaming.net/video1987_dans-secret-villes-viet-nam-tranchees.html
http://documentaire-streaming.net/video1987_dans-secret-villes-viet-nam-tranchees.html
_________________
Re: "Tunnel rats"
J'aurais juste une petite question,
J'ai lu que pendant la guerre d'Indochine il y avait déjà des réseau de galerie (beaucoup moin gros)
Qui relié les maisons des villages entre eux je me demandais si l'armée française avait du les explorés ? Et du coup si l'armée française avait des rats de tunnels ?
J'ai lu que pendant la guerre d'Indochine il y avait déjà des réseau de galerie (beaucoup moin gros)
Qui relié les maisons des villages entre eux je me demandais si l'armée française avait du les explorés ? Et du coup si l'armée française avait des rats de tunnels ?
VinceThe- Messages : 7
Date d'inscription : 12/12/2011
Re: "Tunnel rats"
J'ai également lu que les Viet-Cong avaient repris, amélioré et agrandi les tunnels qui avaient été construits durant la guerre d'Indochine, mais je n'ai aucune idée si les français les ont explorés.
_________________
Re: "Tunnel rats"
J'avais lut que les français avait surtout visé les routes terrestres d' approvisionnement, et que les tunnels à cette époque servaient surtout d' entrepôts et de baraquement plus que de QG ou d' "arme" durant les années 60/75.
Après, faudrait trouver des spécialistes de l' Indochine, ou des personnes s'y étant trouvées.
Après, faudrait trouver des spécialistes de l' Indochine, ou des personnes s'y étant trouvées.
Kaito- Messages : 196
Date d'inscription : 11/11/2010
Age : 42
Localisation : dans le centre de la France, voisin de DRB
Re: "Tunnel rats"
Ils sont forcément du en explorer, c'est peut être une page méconnue de l'histoire, comme les rats de tunnels américain c'est assez peu connu du public en général ! Et c'est dommage.
VinceThe- Messages : 7
Date d'inscription : 12/12/2011
Re: "Tunnel rats"
Bonjour je vous partage ce lien
Toutes les images sont d'époques mise à part l'interview, et une séquence de 0:7 s à 0:10 s dont j'ai un doute.
Toutes les images sont d'époques mise à part l'interview, et une séquence de 0:7 s à 0:10 s dont j'ai un doute.
VinceThe- Messages : 7
Date d'inscription : 12/12/2011
TUNNEL RATS
modeste presentation des rats de tunnels.
sources. wikipedia et War history online
leur devise "Non gratus anus rodentum" qui signifie "Ne vaut pas le cul d'un rat"
Rat de tunnel était le nom donné aux soldats chargés d'inspecter et nettoyer les tunnels.
les premières missions eurent lieu début 66.
Ces groupes étaient composés de soldats américains,australiens et néo-zélandais. Ils mesuraient moins de 5 pouce 6 pied (1 mètre 67) et étaient minces pour pouvoir ce faufilaient dans les tunnels étroits et exigus.
les missions sont généralement chercher et détruire (Search & destroy).
les missions sont périlleuses car en plus des viet-cong ils y avait des éboulements, des animaux venimeux, des booby trap (pièges).
l'équipement est minimal.
revolver S&W M1917 avec suppresseur de son.
pistolet 1911.
couteaux.
grenade au phosphore ou au gaz CS.
lampe de poche et masque a gaz.
ils utilisaient également des bombes bricolées.
a la fin du conflit beaucoup furent soumis à des pressions psychologiques du aux conditions a l'intérieur des tunnels.
SGT Ronald A Payne
Caporal John R Gartrell opreation Meade River
vos connaissances étant bien meilleures que les miennes n'hésitez pas a rectifier et compléter.
sources. wikipedia et War history online
leur devise "Non gratus anus rodentum" qui signifie "Ne vaut pas le cul d'un rat"
Rat de tunnel était le nom donné aux soldats chargés d'inspecter et nettoyer les tunnels.
les premières missions eurent lieu début 66.
Ces groupes étaient composés de soldats américains,australiens et néo-zélandais. Ils mesuraient moins de 5 pouce 6 pied (1 mètre 67) et étaient minces pour pouvoir ce faufilaient dans les tunnels étroits et exigus.
les missions sont généralement chercher et détruire (Search & destroy).
les missions sont périlleuses car en plus des viet-cong ils y avait des éboulements, des animaux venimeux, des booby trap (pièges).
l'équipement est minimal.
revolver S&W M1917 avec suppresseur de son.
pistolet 1911.
couteaux.
grenade au phosphore ou au gaz CS.
lampe de poche et masque a gaz.
ils utilisaient également des bombes bricolées.
a la fin du conflit beaucoup furent soumis à des pressions psychologiques du aux conditions a l'intérieur des tunnels.
SGT Ronald A Payne
Caporal John R Gartrell opreation Meade River
vos connaissances étant bien meilleures que les miennes n'hésitez pas a rectifier et compléter.
Syl- Messages : 145
Date d'inscription : 14/08/2019
Age : 45
Localisation : aussillon
Re: "Tunnel rats"
Si le sujet te passionne, je te conseil de lire ce livre passionnant.
https://vietnamwar.forumactif.org/t31-nam-les-tunnel-du-cu-ch-penycate-jmangold-t#72
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javel- Messages : 3241
Date d'inscription : 28/06/2013
Age : 54
Localisation : Le maquis
Re: "Tunnel rats"
Merci pour le livre
Syl- Messages : 145
Date d'inscription : 14/08/2019
Age : 45
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Re: "Tunnel rats"
Merci pour ce post Syl
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LT John Rinney- Messages : 1236
Date d'inscription : 12/02/2011
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